Zhang Yimou raconte le destin d'une famille chinoise au long de la période Mao : la guerre civile contre les nationalistes de Tchang Kaï-Chek, le Grand Bond en avant, la Révolution culturelle. A bien des égards, le film est un mélodrame tant la famille de Fugui, entre deuils et déchéance, est accablée.
L'émergence et l'absurdité du régime communiste de Mao sont ici relatées, parfois avec une certaine ironie, dans leurs généralités sans donner lieu à des commentaires virulents malgré les incidences dramatiques du maoïsme. C'est d'une façon implicite que provient la plus éloquente critique d'un système politique broyant l'individu et la famille.
Cette fresque n'est pas une exhaustive leçon d'Histoire sur la Chine des années 40 à 70. Elle est une somme d'évènements ou d'incidents touchant Fugui, Jiazhzen et leurs enfants, et dont l'inspiration dramatique, dans un tout autre décor que la Chine, aurait pu sembler excessive ou artificielle. Mais le film, indépendamment de sa beauté formelle, tire sa principale richesse, aux yeux du spectateur occidental, de cette immersion dans une société et une culture à la fois méconnues et fascinantes.
Que le sort de cette famille chinoise relève de l'anecdotisme romanesque ou prenne, devant les accidents de l'Histoire, un caractère emblématique, on est constamment sous le charme dépaysant d'un exotisme authentique, d'une civilisation pleine de mystères.