Claude Sautet s'est spécialisé à un moment dans la peinture des quinquagénaires en crise, et ce film sur l'amitié est un formidable film d'hommes avant tout qui affrontent pas toujours bien la cinquantaine, cap difficile à franchir, en face de femmes plus jeunes. Le scénario peut paraître minimaliste et peu élaboré puisque l'intérêt se déplace d'un personnage à l'autre, en saisissant des portraits bien crachés... mais en réalité, il est bien construit car Sautet e habilement de la psychologie individuelle à la chronique d'une classe moyenne dans la société de la des années 70. Tout ici respire les "choses de la vie" telles que les connaissaient et les vivaient les bourgeois moyens de cette société des 70's, ce réalisme spontané a fait le succès des films de Sautet, et il rééditera ce genre de chronique où il ne se e pas grand chose, juste quelques faits autour d'une bande de personnages attachants ou pittoresques, notamment dans Mado, tourné 2 ans plus tard.
Ce réalisme est en fait soigneusement écrit, avec des dialogues tranchants parfois, et surtout magnifié par le jeu d'acteurs formidables ; c'était la nouvelle forme d'une certaine qualité française de cette époque que j'ai un peu connue puisque j'étais ado, et je voyais des gens autour de moi se comporter un peu comme certains personnages de Sautet. La seule différence en revoyant le film aujourd'hui, c'est qu'il faut occulter l'aspect sociologique qui n'est plus le même et qui n'a plus le même impact.
En tout cas, Sautet reste un fin observateur des rapports humains et un formidable conteur de son époque, bien secondé par son scénariste Jean-Loup Dabadie, arrivant à mener de front 5 ou 6 histoires qui s'entremêlent, se complètent ou se déclinent ensemble dans un parcours riche en émotions, investigations psychologiques, approches affectives, sociologiques ou morales. Sautet donne envie d'aimer la vie, il aime ses personnages, c'est un cinéma non seulement descriptif, mais aussi fraternel, réaliste, bien orchestré et parfaitement joué par des acteurs prestigieux.