Une œuvre aussi aride que pleinement fascinante, véritable promenade intellectuelle à travers laquelle le gallois Peter Greenaway interroge le Cinéma structurel, ses limites mais aussi ses innombrables possibilités. Sorte de documenteur prenant comme point de départ un lost footage qu'une poignée de chercheurs et universitaires vont tenter de reproduire sous quatre formes différentes ( chaque remake obéissant à pas moins d'une obstruction créatrice ) Vertical Features Remake fait figure de moyen métrage aux confins de l'Art expérimental tant revendiqué par Hollis Frampton dans son chef d'oeuvre Zorn Lemma : chacune des images proposées par tel ou tel réalisateur imaginaire d'une variation filmique donnée constitue un authentique hapax visuel, transformant ce qui n'aurait pu être qu'un film de paysages désincarnés en un objet particulièrement ludique et mélodique, galvanisé par la musique tour à tour minimaliste et elle-même structurelle de Michael Nyman...
Si les trois premiers remakes du programme susnommé déclinent - dans un rythme et une musicalité différente - 11 plans multipliés par 11 afin de correspondre aux intentions originales d'un certain Tulse Luper dorénavant disparu un quatrième et dernier tronçon filmique propose un véritable concert arythmique d'occurrences visuelles tantôt reprises des précédents chapitres, tantôt filmées pour les soins du dernier segment. Les fameux traits verticaux de l'intitulé traversent cette intarissable tétralogie au gré de troncs d'arbres, de barrières, de murs ou encore de poteaux, de palissades et de tiges florales dispersées dans un étrange cottage filmé entre l'hiver et l'été d'une même année. Le système numéraire que propose Greenaway représente alors un complément idéal à l'abécédaire fascinant et intégralement mutique que Frampton édifiait dans Zorn Lemma, à la différence que ce dernier livrait alors un authentique film structurel ; le futur réalisateur de Drowning by Numbers privilégie quant à lui la parodie caustique, questionnant un sous-genre expérimental à la lisière de l'ime artistique et théorisant ses artéfacts pour mieux accoucher d'un morceau de cinéma complètement inclassable et ionnant dans le même mouvement de stimulation. A voir absolument.