Une histoire de désespoir

Difficile de lâcher prise quand la personne que l’on a attendu toute une vie s’en va et nous laisse seule en compagnie de notre conscience. Ne reste alors plus qu’un choix : continuer sa route ou s’accrocher, coûte que coûte. Second choix qui sera celui du héros d’Une Histoire Américaine.


Vincent Macaigne est dans un véritable ascenseur émotionnel, à l’image du premier plan du film sur un décor New-Yorkais en perpétuelle évolution. Il vient d’arriver à New-York, et il va tout tenter pour reconquérir la femme de sa vie, Barbara, qui s’est enfuie dans les bras d’un autre. Elle a beau lui dire que tout est fini, ou bien lui acheter un billet d’avion pour le retour, il s’accroche inlassablement, obnubilé par une idée de l’amour apparemment bien à lui : la quête de la femme belle et intelligente. Une idée immédiatement contredite par un vendeur à la sauvette dans le métro : « Tu dois rencontrer la femme avec qui ça colle intellectuellement. Moche ou jolie, peu importe. » De là s’ensuit alors un séjour touristique qui n’en finira pas, durant lequel il rencontrera nombres de femmes, chacune avec leurs qualités mais qui ne lui sembleront jamais dignes d’intérêt et à qui il ne fera que er son temps à montrer la photo de son ex. S’embourbant de plus en plus dans sa tristesse, c’est la pauvre Sofie Rimestad, joviale et acidulée, qui paiera le prix quand celui-ci la rejettera de la pire des manières.


Une Histoire Américaine est un film tel quel, sans artifices, parfois même assez laid dans sa photographie sous-exposée où l’on ne distingue plus grand chose à l’image, mais il est à l’image de son personnage, emprisonné dans son marasme. Au départ bien enrobé, il perd peu à peu sa tenue et ses ambitions, s’enterre tout seul quand toutes les opportunités lui ent sous le nez. On se demande même comment l’on fait pour ressentir de la pitié envers ce héros, capable d’humilier son rival amoureux en lui demandant un simple jus d’orange pressé, égoïste et mal-habile. Mais les quelques moments d’espoirs et la simplicité de ce sujet universel suffit à toucher là où il faut, même si ce récit sur plusieurs années laissera à certains un goût d’inachevé, comme toutes nos relations amoureuses au final.


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le 15 août 2015

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Florian Bodin

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