C'est toujours un plaisir, pour moi, de plonger dans le cinéma de Guillaume Brac, aussi bien dans le documentaire que dans la fiction. Qu'importe à quelle catégorie de films appartient une de ses œuvres, c'est vivant, c'est rafraichissant, tout en dégageant une belle justesse, avec comme thème de prédilection, la jeunesse. Peu de cinéastes ont autant la capacité de mettre en avant que des existences a priori banales sont souvent des sujets ionnants.
Un pincement au cœur est un court-métrage documentaire de 38 minutes, tourné en 2021, pendant la pandémie du covid (ce qui fait que l'on voit parfois des visages masqués, notamment dans le cadre scolaire !) sur deux amies adolescentes, Linda et Irina, qui vivent à Hénin-Beaumont, durant la fin de l'année scolaire. Devant une caméra discrète, toujours en plans fixes, elles se confient facilement et avec une maturité irable sur leur existence.
L'une, parce que subissant sans cesse des déménagements, a du mal à s'attacher ou plutôt n'ose pas s'attacher (ce qui n'est pas sans provoquer des tensions avec son amie ; on a l'impression que la réalisation de l'ensemble a été un prétexte salvateur pour nos deux protagonistes de se balancer des choses désagréables qui avaient besoin d'être dites !). Elle envisage même de devenir plus tard chirurgienne pour la raison que l'on ne s'attache pas émotionnellement à un corps inerte. L'autre appartient à une famille dans lequel il y a en tout sept enfants. Elle souhaite exercer le métier d'assistante sociale.
Étant donné que la seule activité dans leur ville (sûrement en rien aidé par une période peu idéale pour les activités sociales !) d'aller dans l'Auchan du coin et sa galerie marchande, elles se défoulent sur TikTok.
Même si c'est le portrait d'une amitié qui souffre, qui semble à certains moments pas loin de se briser, c'est l'optimiste qui gagne à la fin, à travers une évasion en train, pour aller se détendre, sous le soleil, en bord de mer.
Qu'est-ce que l'on peut ajouter sur l'ensemble ? Ben, c'est tellement intéressant, nos deux personnages de la vraie vie sont tellement touchants que j'en aurais voulu beaucoup plus. Par exemple, il y avait largement de la matière pour un long-métrage, avec un récit (donc un tournage !) étendu sur plusieurs années (après, je comprends qu'il y a des contraintes financières et humaines !). J'aurais bien suivi ces jeunes filles jusqu'à l'âge adulte. C'est dire que les 38 minutes ont é très vite.