Un parfait inconnu
6.8
Un parfait inconnu

Film de James Mangold (2024)

Another side of Bob Dylan

Après Todd Haynes et son approche originale sous forme de kaléidoscope dans I'm Not There, c'est au tour de James Mangold, artisan hollywoodien doué, d'apposer son regard sur la figure insaisissable de Bob Dylan.


Le film croule sous les contradictions mais il est, tout du long, éminemment sympathique et agréable. Tant par le temps qu'il accorde à la musique (on prend le temps des chansons), à son pouvoir transmetteur, son vecteur d'émotions et de sensations.


D'un artiste aussi fascinant et complexe, Mangold tire une mise en scène soignée (comme toujours chez lui). La lumière, les mouvements de caméra, le teint de l'image, tout est minutieux et appliqué. C'est une invitation à un voyage musical, mais qui renonce à épo l'essence protéiforme de Dylan.

En ce sens, le choix de se concentrer sur la genèse de l'artiste (de 1961 à 1965) est pertinente avec l'académisme affiché, mais il est contredit par le discours du film qui fait de Dylan, un artiste qui rejette les conventions, qui aspire à la liberté totale, quitte à laisser en cours de route ceux qui l'ont aidé à son ascension.


C'est ce qui rend complexe l'approche que l'on peut avoir de l'artiste, aussi ionnant que détestable. Parce que le film évite habilement l'hagiographie paresseuse, abordant sans trop de profondeur le caractère compliqué de Dylan.


Mais l'autre bonne idée du film, c'est d'incarner la figure du cher Bob à travers le regard de ceux qui ont jonché sa route : des yeux émus, déçus, fascinés. Les seconds rôles prennent alors toute leur importance et sont incarné avec beaucoup de talent. Edward Norton en tête, très touchant en Pete Seeger et surement identification claire du cinéaste sur ce personnage. Elle Fanning et Monica Barbaro ne sont pas en reste.


C'est un film bâtard, dont il est difficile d'en distinguer les bons choix des mauvais. Ce genre de film dont on comprend à la fois les critiques et les éloges. Mais son énergie emporte, galvanise, parce que Mangold sait y faire et parce que le génie de Bob Dylan casse toutes les frontières. Hurricane.

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le 6 mars 2025

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JoRod

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