« On ne fait pas ( du bon cinéma) avec des bons sentiments »Flaubert

Bon, je ne vais pas me faire que des amis. Je savais bien qu'il ne fallait pas que je regarde ce film. Mais, merci senscritique, les notes positives de certains de mes éclaireurs m'ont fait douter – et je n'ai pas l'habitude de prendre ceux qui pensent que les mangas sont un sommet de l'art ... Artus pouvant être un bon acteur ( je ne l'ai vu que dans Le bureau des légendes, j'aurais dû là encore me méfier), je me suis dit, il joue dans son film, le sujet est certes risqué mais s'il évite les bons sentiments faciles, alors, allons-y !

Ma colère d'avoir perdu du temps un peu ée, voilà ce que je pense de cette petite chose.

Elle est ( A MES YEUX, faut-il le préciser?) d'une médiocrité finie.

Mais oui, ils sont mignons ces handicapés en vacances, mais oui, ils ont parfois de humour, même si personne n'oserait le reprendre à son compte, comme celui de ce trisomique qui lance en permanence des insanités, des vulgarités, des «  enculés » à tout va, et qui fait des «  bites » en pâte à sel, ce qui peut faire rire un enfant de 6 ans ; mais oui leurs histoires d'amour sont gentilles même si elles sont un peu gênantes comme quand cette jeune femme demande à dormir avec le personnage d'Artus après l'avoir vu une heure et le « quitte » en lui disant que « soit tu m'oublies, soit tu te suicides » .

Mais ce film qui se veut réaliste ne nous montre qu'un aspect très idéalisé du handicap. À part une scène où certains parlent de leur famille qui leur manque, ou pas, on ne sait rien de leur histoire, de leur handicap, il y a des trisomiques, des autistes mais aussi des handicapés moteurs ( ce jeune garçon qu'on oublie toujours parce qu'il est en fauteuil et qui porte les marques d’une trépanation). Et tout ce beau monde est traité comme si tout le monde avait le même handicap, fait les mêmes activités, dans un bonheur idéal où il n'y a jamais aucune dispute, aucun conflit. Même si ça part d'un bon sentiment, montrer que le côté rose bonbon du handicap, est-ce lui rendre service ?

En plus, Artus est affligeant de bêtise. Il voudra censurer dans quelques années les scènes où il fait des grimaces pour essayer d'imiter un handicapé...C'est très gênant, c'est très mauvais. Il n'est jamais drôle, à peine attendrissant, dans cette histoire mille fois vue de fils se révoltant ( gentiment, attention!) contre un père abuseur (sachant être si gentil lui aussi). Même la scène de braquage d'une bijouterie initiale est...gentille... ; pour la consoler du mauvais moment é avec une arme braquée sur elle, la fiancée-otage reçoit du braqueur une bague de fiançailles, comme c'est mignon...

Et je ne parle même pas de la liaison amoureuse soporifique de la gentille éducatrice, un concentré de niaiserie !

Et je ne parle pas non plus de la fin qui a fait grimper mon taux de glycémie jusqu'à l'écœurement.

En regardant ce navet rose, j'ai pensé aux documentaires que j'ai pu voir sur le handicap ou sur les centres psychiatriques et qui m'ont appris et fait respecter le handicap alors que ce film m'en éloigne, m'éloigne de sa réalité. Et que se e-t-il quand ceux qui aiment qu'on les biberonne à la guimauve sont confrontés à la réalité du handicap?

En conclusion, voici un film trompeur, ennuyeux, sans intérêt, qui mérite bien son succès populaire.

4
Écrit par

Créée

le 24 nov. 2024

Critique lue 534 fois

22 j'aime

21 commentaires

jaklin

Écrit par

Critique lue 534 fois

22
21

D'autres avis sur Un p'tit truc en plus

Quand les bonnes intentions ne suffisent plus

"Un p'tit truc en plus", réalisé par Artus, avait pour ambition de "changer le regard" sur le handicap. Cependant, cette tentative "sincère" se révèle problématique, car le film tombe dans des...

le 26 mai 2024

71 j'aime

46

Un p'tit truc en plus dans le cinéma français

A mon tour, j’ai été voir ce petit film sans grande prétention autre que de servir un film vrai, non pas en raison de son démarrage canon lors de sa première semaine d’exploitation en salle, mais...

le 12 mai 2024

70 j'aime

20

Le triomphe hypocrite de la condescendance

RETOUR SUR LE FILM par le compte Facebook D'images et de mots qu'on peut facilement trouver. Voici toutes les raisons pour lesquelles il hors de question que je perde mon temps avec ce truc. Et au...

le 5 sept. 2024

29 j'aime

3

Du même critique

L’ athéisme triste ou le triste athéisme

Après l’approche assez originale de Daoud, il est temps de revenir sur un devenu classique hors- norme : L’ Étranger de Camus. Tant il est me semble t’il aimé pour de mauvaises raisons : une langue...

Par

le 22 août 2018

59 j'aime

106

La puissance du Bien

« 12 hommes en colère » est l’un des films que j’ai le plus vus, avec fascination, avec émotion. C’est un huis-clos étouffant donnant pourtant à l’espace réduit une grandeur étonnante – et le...

Par

le 17 févr. 2019

56 j'aime

38

La mort programmée des êtres policés

Je n’ai jamais regardé un film danois qui ne m’ait pas plu. Celui-là avait des airs de Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll et je n’ai pas été déçue ! Pendant la plus grande partie du...

Par

le 6 oct. 2022

55 j'aime

53