J'ai découvert Artus lors de ses débuts chez Laurent Ruquier au Moulin Rouge. C'était dans On n'Demande qu'à en Rire, émission qui essayait d'ouvrir la porte à une nouvelle garde de l'humour. Il a réussi à faire pas mal de sketchs, Artus, malgré le fait que, parfois, les trois jurés sentaient bon la mauvaise foi, ou du moins, étaient de mauvais poil.
Artus s'y était distingué facilement, avec une paire d'autres. Son talent a fait florès : il vole maintenant de ses propres ailes, sans pour autant oublier ses copains de chez Ruquier, comme Jérémy Ferrari, avec lequel il a fait quelques duos impossibles et gratinés.
Mais au cinéma, jusqu'ici, Artus, pour le masqué, ce n'est pas vraiment ça.
Le fait que l'on fasse de Un P'tit Truc en Plus le nouveau succès populaire de l'année 2024 est sans doute une bonne chose, économiquement, pour le cinéma en général, pas seulement français. Sans doute, de la même manière, que ce triomphe n'est pas le fruit du pur hasard. Le regard plein de tendresse porté sur le handicap, la volonté de le sortir de ghetto et de faire comprendre que la différence n'est pas seulement négative touche le coeur du grand public, à l'évidence.
Le masqué a pu l'être aussi en quelques occasions durant la séance, il peut bien le reconnaître. et peut être se montrer bienveillant à l'heure de vous livrer son sentiment de sortie de salle. Car il faut bien avouer, aussi, que certaines thématiques abordées ont pu accrocher le simple spectateur qu'il est. Le fait que chacun, jugé "normal" tente de cacher sa nature profonde et se montre condamné à ne pas l'exprimer en est une.
Sauf qu'Artus semble avoir été égaré dans ses bonnes intentions, au point de perdre de vue le début de son scénario dès lors que sa colonie s'installe dans cette ferme au milieu de nulle part. Car pourtant pas bien difficile à tenir, l'intrigue sortie de l'esprit de son humoriste ne cesse de faire du sur-place, piège classique du film choral en décor quasi unique.
Pour mieux s'apesantir sur sa galerie de portraits souvent attachants, mais dont certains des protagonistes ne seront réduits qu'à un archétype ou une fonction qui n'apportera pas grand chose à l'intrigue. Au détriment, par exemple, d'une relation père/fils compliquée que l'on ne fait que deviner et qui aurait pu mettre à mal la couverture du duo de braqueurs. Malheureusement, Artus ne fera pas grand chose de cet aspect, limitant son films à une comédie familiale bienveillante, inoffensive et parfois paresseuse, qui a souvent fait penser, aux Toledano / Nakache de Nos Jours Heureux.
Et puis, il faut concéder aussi que la réalisation d'Artus, ce n'est pas toujours ça, surtout au début de l'aventure, à l'occasion de laquelle la caméra ne trouvera jamais le moyen d'arrêter de trembler dès lors qu'elle a é les portes du minibus.
Ainsi, le coeur gros comme ça a beau être là, tout comme les bonnes intentions parfois désarmantes d'Artus, Un P'tit Truc en Plus est la preuve, par même son titre, que cela ne suffit pas toujours pour accoucher d'un film et le porter sur la durée d'une séance de cinéma.
Trois fois hélas...
Behind_the_Mask, handicapé du succès.