Un ours dans le Jura
6.3
Un ours dans le Jura

Film de Franck Dubosc (2025)

Des cadavres pour Noël !

Bon, s'il n'y avait pas eu un bon bouche-à-oreille, je n'aurais jamais été voir le premier film, sorti en 2025, à déer le million d'entrées au box office français. Un bon bouche-à-oreille et aussi un synopsis accrocheur...


J'avoue que cela faisait plusieurs années que je n'avais pas visionné le moindre truc avec Franck Dubosc -- peut-être à tort -- parce qu'il représentait uniquement pour moi un cabotinage agaçant ainsi qu'un humour beauf. J'apparais sûrement comme un pauvre con snobinard et méprisant, mais c'était mon opinion.


Là, j'avoue que cet Ours dans le Jura me pousse à mettre un peu d'eau dans mon pinard. En fait, si Dubosc a joué dans des films de merde, c'est possible que ce soit pour être suffisamment à l'aise financièrement ainsi que suffisamment bien intégré dans le milieu très fermé du septième art pour réussir à pouvoir réaliser (dans tous les sens du terme !) des projets un peu plus ambitieux, qui lui tiennent à cœur.


Bon, la grande référence évidente et avouée dans ce long-métrage, c'est Fargo des frères Coen. En effet, on a comme cadre un bled bien paumé du Jura (mais superbe, surtout la cascade de la Billaude !), en plein hiver neigeux. Dans ce bled bien paumé jurassien, on suit un couple au quotidien bien banal et bien morose (la beauté des paysages ne peut rien contre cela !), vivant ensemble, mais sans plus l'être vraiment, sans ion, sans sexe, qui, à cause d'un fichu ours, vont vivre une série de mésaventures peu ordinaires, à base d'une mallette contenant deux millions d'euros (ce qui est idéal pour éponger des dettes !) et de trafiquants de drogue. Et ce couple a la capacité incroyable de faire les choses les plus débiles qui soient pour faciliter la tâche aux gendarmes et aux trafiquants de drogue. Deux champions dans les olympiades de la stupidité. J'ai très vite renoncé à compter le nombre de fois lors desquelles, je me suis dit "oh, les cons !".


Dans les deux rôles principaux dans ce scénario de thriller, avec de nombreuses touches d'humour noir, on a la pétillante Laure Calamy, impeccable comme à son habitude, et, évidemment, Franck Dubosc, qui se la joue sobre, réaliste, crédible ; ce qui lui va comme un gant. Parmi les seconds rôles, celui qui tire le plus son épingle du jeu et qui vole même la vedette à ses partenaires, l'air de rien, c'est Benoît Poelvoorde. Lui aussi, avec sobriété et réalisme (certains personnages, dont le sien, sont très bien écrits !), incarne un major de gendarmerie attachant, plus préoccupé par le souci d'épater son ex-femme avec un sapin de Noël - oui, l'action se déroule à l'approche des fêtes de fin d'année et nos deux abrutis principaux sont vendeurs de sapins - et de se rapprocher de sa fille adolescente (Kim Higelin, qui fait vraiment plus jeune que son âge !) que par l'hécatombe de cadavres qui ont la fâcheuse tendance à s'accumuler rapidement dans le coin. Reste que, sans y avoir l'air, même sans motivation, cet enquêteur est plus compétent dans son boulot qu'on aurait pu le penser dans un premier abord. En outre, le duo qu'il forme avec l'excellente Joséphine de Meaux, en adte, fonctionne très bien, donnant lieu à des échanges, parfois drôles, parfois émouvants.


Autrement, dans les un peu moins de deux heures du film, je trouve qu'il y a trois pépites comiques qui méritent d'être mises en avant, que j'ai adorées. La première, ce sont les morts (dont une à la Tucker and Dale vs Evil !) des deux riches trafiquants de drogue, au début, du fait d'un accident, qui sont d'une absence de dignité hilarante. La deuxième, c'est la manière dont notre couple peu dégourdi essaye de se débarrasser de cadavres avec du miel. La troisième, c'est la déposition de la fille du major de gendarmerie, avec des dialogues, dont le réalisme pratique confine à l'absurde, et que Kim Higelin débite avec un irable sérieux imperturbable.


Bref, ce qui fait que les deux premiers tiers sont franchement très bons. De plus, au age, je tiens à souligner que Dubosc sait mettre en scène des scènes d'action claires et efficaces. Ce n'est pas donné à tout le monde.


C'est juste dommage que le troisième et dernier tiers ne soit pas à leur hauteur, car un peu trop précipité. Il y a notamment une réaction du fils autiste du couple qui débarque de nulle part, tout comme, d'ailleurs, le boss final des trafiquants de drogue (si ce dernier avait été plus évoqué, de temps en temps, tout au long du film, sa présence aurait paru plus couler de source !). La commissaire de police, à qui Anne Le Ny prête ses traits, apparaît trop brièvement pour que son personnage soit bien creusé et que sa réaction finale ne semble pas être une facilité scénaristique. Et je n'ai pas eu l'impression que l'arc narratif, concernant l'adte, soit pleinement abouti. Ce qui est regrettable, car, je me répète, j'ai beaucoup apprécié ce personnage et l'interprétation de Meaux.


Néanmoins, globalement, j'ai é un bon moment devant cette œuvre, certes perfectible, mais qui me prouve que j'avais un peu trop mésestimé Franck Dubosc. Ah oui, restez bien jusqu'à la fin, parce qu'il y a une très courte séquence post-générique. Oui, elle ne sert à rien, scénaristiquement parlant, mais peut laisser sur une petite touche positive pour celles et ceux qui ont pu trouver que ce film manquait un peu de plantigrade.


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le 31 janv. 2025

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Plume231

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