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Il n'y a pas longtemps à s'interroger sur ce qui a pu attirer Blanche Gardin lors de la lecture du scénario d'Un Monde Merveilleux, elle qui ne fait pas grand mystère de ses « sympathies »... Ce n'est d'ailleurs pas plus la première fois qu'elle s'inscrit dans un certain refus du modernisme et de la marche en avant de la tech, surtout quand on se souvient de Effacer l'Historique et de Selfie.


Un Monde Merveilleux s'inscrit de plein pied dans cette critique, sans jamais forcer le trait, à l'image de son robot de compagnie, déjà un peu has been, à la fois rassurant par sa rondeur et intimidant par son expression fixe et les bugs de son obsolescence programmée. Du low tech comme seule image de ce futur déjà jugé trop proche par les mots de son incipit.


Un Monde Merveilleux n'invente rien, dès lors que dès 2012, Jake Shreier, celui derrière Thunderbolts*, s'attaquait déjà à cette thématique dans son très fûté Robot & Frank, dont le design de l'androïde ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de T-0.


Giulio Callegari parle de la même humanité finalement, mais au style caper tendre, il préfère s'inscrire sur la route du road movie balançant entre une certaine ironie et une vision un peu désenchantée de son décor et de son temps. Et de substituer à un vieux misanthrope une mère délicieusement indigne.


Car il s'agit bien sûr de partir à la recherche d'une fille arrachée, avec, en chemin, un ré-apprentissage de la qualité de mère, la gamine étant remplacée par un robot maladroit et gauche dans la droite ligne du duo Francis Veber / Pierre Richard de la grande époque. Burlesque et tendre, arrivant plus d'une fois à faire sourire et rire, le duo mal assorti réussit à susciter l'émotion et à raviver la flamme d'une comédie française moins grasse, au trait moins épais qu'à l'accoutumée.


Mais il y aussi son ciel bas. Cette invasion robotique figurant celle du téléphone portable duquel on ne lève plus le nez aujourd'hui. Avant sur les chaînes de montage, le robot de ce Monde Merveilleux a envahi la vie quotidienne et coupé les rapports humains de triste manière, tout en supplantant son inventeur dans l'accomplissement des fonctions les plus sensibles mais ingrates, où le est sans doute le plus indispensable.


Déresponsabilisation, isolement, chute dans la précarité, Giulio Callegari parle aussi de l'état de santé du pays, dépressif, sans surprise. De cette de la fin du mois marginalisée, et de celle de la fin du monde, en glissant à bas bruit des préoccupations environnementales désarmantes mais tardives, où un perroquet de mille couleurs n'existe plus qu'en peluche et que plus rien ne semble survivre dans les eaux de la mer.


Le futur de ce Monde Merveilleux est tout aussi désabusé que stressant. Mais si la fin de l'aventure est un peu précipitée et simpliste, l'oeuvre est aussi porteuse d'un humour réjouissant, d'une certaine malice. Et capable surtout de remettre l'humain en avant sous les couches de plastique froid.


Behind_the_Mask, ♫ un tout petit Max-y-môme ♪.

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