Eh bien ça c'est une bonne chose de faite.
Et bien faite.
1h20 en état de grâce.
C'est juste ce qu'il faut.
Ni survolé ni trop lourd, le sujet est maîtrisé et traité avec une rigueur et une légèreté qui dénotent soit un intérêt sincère (ça me paraît de toute façon incontournable) soit un énorme travail, plus vraisemblablement les deux.
Ce qui m'a le plus marqué c'est la parfaite symbiose de simplicité et de pudeur qui enrobe ce film.
À l'heure où l'homosexualité et plus globalement la quête d'identité sexuelle ne sont toujours pas monnaie courante au cinéma, du moins avec un traitement sérieux, s'entend, Tomboy fait figure de petit miracle par son approche pourtant directe et sans poudre aux yeux, mais qui reste très respectueuse des protagonistes.
Je m'interroge d'ailleurs. Soit on n'en a pas entendu parler, soit aucune asso puritaine (coucou Familles de ) ou de protection de l'enfance n'est montée au créneau concernant ce film abordant pourtant des questions qui, aujourd'hui encore, créent du débat y compris lorsqu'elles touchent des adultes.
Alors a fortiori ici où on évoque des relations ambiguës entre enfants, a fortiori avec de la nudité alors même que les scandales de pédophilie pullulent et que l'on a tendance à sombrer quelque peu dans la paranoïa et le "trop" politiquement correct, je suis agréablement surpris que Céline Sciamma n'ait pas été emmerdée. Ou alors je ne suis pas suffisamment bien informé.
Bien, trêve de digressions.
À grands renforts de scènes de la vie quotidienne, toujours authentiques et subtiles, on nous fait entrer brièvement dans le quotidien de Laure, alias Mickael.
Dans un groupe d'enfants tout ce qu'il y a de banal, mais jamais quelconque, elle va prendre sa place suite à un déménagement, profitant de cette nouveauté pour se forger une nouvelle identité.
Cette quête de soi, thème certes récurrent dans le septième Art et finalement pouvant parler à tout un chacun puisque l'adolescence amène quasi-obligatoirement des questionnements similaires, interpelle, va concentrer tout le propos du film. Alléchant non ?
Le naturel de la jeune actrice, la crédibilité des rôles secondaires, la pertinence des situations choisies, tout participe de cette réussite.
L'apothéose est à mon sens la scène dans les bois avec le pantalon (je reste un tant soit peu cryptique, à dessein). Habitué au béni-oui-ouisme ambiant et à la frilosité des réalisateurs, je me désespérais par avance d'une issue conformiste et bien-pensante pour préserver la sensibilité d'un maximum de personnes.
Eh bien ce fut une surprenante et agréable contradiction que m'opposa Sciamma, avec un age très poignant, selon moi très honnête quant à la cruauté que les enfants ont les uns pour les autres.
J'aime avoir tort quand c'est pour la bonne cause.
C'est cette fidélité exacerbée que je récompense, et c'est entre autres pour cela que je vous encourage fortement à le voir.
En plus comme je le disais, il n'est pas bien long !
À déguster sans modération.