Spoiler alert. Lis pas tout si t'as pas vu, et fonce le voir (et reviens).
On a vu plein d'actrices se défigurer grâce à la chirurgie parce qu'elle vieillissaient. "Les hommes murissent, et les femmes vieillissent". C'est cette histoire. Et pas spécialement fan du body horror, j'ai pourtant bien apprécié ce film.
Le pitch est simple. L'histoire on la connait déjà. Notre société nous dit que la femme qui vieillit perd de sa valeur, encore plus quand elle est un modèle pour les autres. Les hommes sont des cons qui pensent avec leur teubs. Voilà. C'est toute l'histoire.
Maintenant, l'approche est déchirante. Ca claque ta gueule. L'organique prend le dessus, appuyé par une image estéthique, belle et malaisante. Les actrices sont justes. Le putassier est mis en valeur, avec des plans sur des fessiers jeunes et rebondis qui est justifié par son symétrique filmé cruement de la vieillesse et la déchéance du corps jusqu'à inspirer le dégoût.
Demi Moore et Margareth Qualey portent la dualité de l'humain, la notion d'égo et de sacrifice. Tout ça dans une mise en abime presque crue. L'une est une actrice en fin de carrière alors que l'autre attaque sa filmographie. Elles portent le film dans l'expression de la starification et l'iconisation de la femme, son corps et le désir qu'elle génèrent. Mais aussi la dépendance que cela leur apporte. Toutes les deux, mais pas au même âge. La narration entraine un mélange d'horreur visuelle et d'inconfort psychologique. C'est moche et beau à la fois. L'issue est volontairement grossière et respire l'incongruité de notre époque. Le choix scénaristique et graphique qui viennent appuyer une morale évidente sont sublimés par un rythme, une ambiance et des prises de vue marquantes. Très bien filmé. Le plan de Dennis quaid qui se secoue la nouille dans l'urinoir en étant au téléphone expliquant l'obsoléscence programmée des femmes mises à l'antenne est non seulement prégnant mais annonce le rôle des genres au travers du films. De même que les deux premières scènes, l'étoile sur hollywood boulevard, et l'injection de la substance dans un jaune d'oeuf nous raconte le film dès le début. D'une manière crue, et élégante. Fusil de Tchekhov qui au lieu de nous spoiler donne envie de voir le développement de l'intrigue.
Bref, pas mon style à la base, mais j'ai pris une belle claque. Les personnages, le thème, les couleurs et les contrastes, la représentation des femmes, des hommes, les couloirs et la salle de bain, le rapport au pouvoir (la substance)... tout est ficelé pour déranger jusqu'à l'absurde. Jusqu'à faire rire.
Belle branlée.. et belle manière de raconter une histoire qu'on connaissait déjà.
Punaise ça fait du bien de voir de la fraicheur dans la création cinématographique. Hâte de voir son prochain film !