Voilà un film qui semble en permanence se prendre les pieds dans ses paradoxes, comme contrarié par ses propres ambitions.
S'il est visuellement irréprochable (décors ultra maîtrisés, photographie pop, cadrages au cordeau, effets spéciaux "à l'ancienne"), il convoque ses références cinématographiques avec un tel aplomb que l'on trouve déjà en ligne des capsules vidéo mettant côte à côte les plans du film que la réalisatrice a été photocopier chez Kubrick, Hitchcock, Lynch et autres Cronenberg. Et ses scènes gore sont au bout du compte bien moins pénibles que le montage clipesque qui sature la lecture d'un public plus éprouvé par la forme que par le spectacle.
Côté casting, l'engagement des acteurs est remarquable, jusqu'à être discrédité par les limites d'un scénario en roue libre (pourquoi une scène de combat façon baston de super pouvoirs ?) et la coquetterie idiote que l'on accorde toujours aux stars - Demi Moore, plus que jamais (dé)culottée, interprète à plus de 60 ans une femme à qui l'on reproche d'en avoir... 50. Like... really ?
Enfin, alors qu'il semblait pitcher une idée un peu neuve et promettre un brûlot féministe à l'horreur insoutenable, surmarketée par les réactions des influencés des réseaux, ce (trop) long métrage n'accouche finalement que d'un Dorian Gray à Hollywood, qui croiserait encore Carrie et Elephant Man lors d'un final grandguignolesque mettant un dernier gros coup de fluo sur une métaphore tout du long filée sans finesse ni psychologie.
On notera une belle progression chez la réalisatrice du risible Revenge, qui portait déjà les stigmates esthétiques et la superficialité scénaristique que l'on retrouve ici en format giant. Mais tout de même, voilà un film qui manque... de substance, justement.