D'une vertu esthétique frappante, The Revenant met en scène avec brio un périple viscéral mais qui souffre hélas de justifications religieuses maladroites et pompeuses, pour justifier le long chemin vers la vengeance de son protagoniste.
Ça sera l'une des seules réticences que j'ai pour le film, une lourdeur malvenue afin d'absoudre les instincts les plus bas de l'Homme. La vengeance est une des choses les plus cinématographiques à mes yeux et mériterait souvent un traitement simple afin de tout concentrer dans la mise en scène. Ça et quelques longueurs dispensables où le réalisateur se fait plaisir je dirais : voilà les défauts de The Revenant à mon sens. Encore que le premier n'insiste pas tant que ça et le second me paraît totalement pardonnable du fait que c'est d'une maîtrise totale.
Tout est fait pour sublimer des cadrages aux décors au pire magnifiques, au mieux totalement stupéfiants. Sous l'oeil d'Innaritu la nature domine, elle est douloureuse, pas seulement belle et pure, elle écrase, soumet à des températures inables, elle sera à l'avantage de celui qui s'y trouve seulement s'il sait comment tirer les bénéfices de ses effets. Ici c'est tout ce qui lui donne sa vraie beauté. Il n'est pas seulement question de montrer de belles montagnes, l'ingéniosité de certains plans révèle une facette inquiétante, un danger immédiat. Du calme des ruisseaux aux frappantes brises glaciales, la caméra démontre ces différentes facettes avec des angles inédits, des travelings rafraichissants, en outre une réalisation captivante.
La B.O également, très atmosphérique bien que minimaliste, tient bon derrière pour renforcer les fondations d'un film aux bases solides sur le plan sensoriel. Mais je pense que The Revenant a du être quelque chose à voir en salle pour seulement l'une des hémisphères de ce plan, l'esthétique. Et bien que j'éprouve encore de bons sentiments envers une salle de Cinéma je ne m'y suis pas rendu car je ne voulais pas seulement le voir autour d'écrans de smartphones allumés ou de mastications de popcorn, je voulais en faire l'expérience intimiste, sur mon matos au format cinémascope. Chose faite, et c'en fut une tendue, touchante, contemplative et magnifique.
https://www.youtube.com/watch?v=O1qIV3WXZFE
Edit: Plus le temps e depuis le visionnage plus The Revenant me semble être une oeuvre viscérale qui subsiste dans mes pensées, marque pour moi d'un grand film que je n'ai pas seulement aimé mais qui m'emporte à chaque visionnage.