Débutant avec un long plan séquence et une conversation évoquant celui de "La soif du Mal" de Orson Welles, "The Player" de Robert Altman nous fait suivre Griffin Mill, directeur de production à Hollywood qui, en plus de craindre pour son emploi, se voit recevoir des lettres anonymes menaçantes.
é ce long plan séquence, Robert Altmant braque sa caméra sur le personnage de Griffin sans plus jamais le lâcher. Altman décrit ce producteur comme assez cynique et arrogant, tout en le rendant attachant, notamment lorsqu'il le met peu à peu face à ses peurs et ses doutes, le poussant dans ses derniers retranchement. Le scénario est habilement et intelligemment écrit (tout comme les personnages), brouillant les pistes et nous emmenant dans des sentiers inattendus.
Brillamment mis en scène, Altman arrive à créer une atmosphère troublante et presque paranoïaque mais souvent prenante. Il met en scène une galerie de personnages intéressants autour de Griffin (très bien interprété par Tim Robbins) qui lui semble totalement perdu dans ce monde hollywoodien. Assez habilement, Altman n'oublie pas quelques touches d'humours.
Si le cinéma n'est pas le sujet principal de son film, il est néanmoins omniprésent. Sous couvert de thriller, il en profite pour mettre en scène une critique acerbe, intelligente, cynique et réaliste (malheureusement) d'un monde Hollywoodien impitoyable et malhonnête, que ce soit à travers les personnages ou les méthodes. Il truffe aussi son film de nombreuses références que ce soit dans les dialogues, les affiches ("Laura", "L'ange Bleu"...) ou les apparitions (Jack Lemmon en retraité, Rod Steiger prenant l'apéritif, Bruce Willis, Julia Roberts...).
Mise en abyme intelligente, cynique, impitoyable et ionnante, "The Player" est une réussite et se place, à mes yeux, comme l'une des plus belle de son auteur.