The Apprentice
6.9
The Apprentice

Film de Ali Abbasi (2024)

Un film tiède pour une figure brûlante

The Apprentice, biopic signé Ali Abbasi, entend retracer la genèse de Donald Trump à travers sa relation avec Roy Cohn, mentor sulfureux et stratège politique. Mais là où le projet aurait pu proposer une plongée nuancée dans les arcanes du pouvoir, le résultat s’avère inégal, tiraillé entre ambition dramatique et platitude narrative.

Sur le fond, le film semble hésiter entre deux postures : le portrait psychologique et la satire politique. Il ne pousse jamais pleinement l’analyse du personnage, se contentant souvent d’illustrer ce que le spectateur sait déjà ou croit savoir de Trump. Le scénario effleure les enjeux de pouvoir, d’éthique et d’héritage idéologique sans véritablement cre leurs implications. Il en résulte une impression de survol, comme si le film voulait éviter de trancher ou de déranger.

Formellement, The Apprentice affiche une facture soignée mais convenue. La mise en scène reste très illustrative, parfois figée dans une reconstitution trop lisse. Aucune réelle audace visuelle ne vient bousculer le regard, et l'ensemble, malgré quelques beaux cadres et une photographie correcte, manque de souffle. On est loin de l’épure tranchante ou du lyrisme qui aurait pu donner au propos plus de profondeur.

Les performances, elles aussi, oscillent entre le convaincant et l’artificiel. Sebastian Stan incarne Trump sans tomber dans la caricature, mais peine à lui donner une vraie densité dramatique. Jeremy Strong, en Roy Cohn, apporte une présence magnétique, mais son personnage reste un cliché ambulant de cynisme. Le duo fonctionne, mais n’atteint jamais une réelle tension dramatique. La relation centrale, supposée explosive, reste curieusement plate.

Finalement, The Apprentice est un film qui se veut sérieux, mais dont la neutralité prudente finit par neutraliser l’intérêt. Ni pamphlet, ni tragédie, ni fresque politique véritable, il reste dans une zone grise peu engageante. Le sujet, pourtant brûlant, semble glisser entre les doigts d’un film qui n’ose pas choisir entre analyse critique et drame humain.

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acalvi06

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