Le futur, enfin...

Six années séparent la sortie de Terminator 3 Le Soulèvement des machines de celle de Terminator Renaissance. Six années durant lesquelles la franchise sera ée de C2 Pictures qui en possédait les droits à Halcyon Company, un groupe immobilier californien, qui voulut se lancer dans la production cinématographique. Six années de procès également entre Sony et la Warner qui se disputèrent les droits de distribution de la franchise. Alors que C2 Pictures avait déjà un projet de suite futuriste à leur T3 (leur Terminator 4 devait voir la première bataille menée par John Connor contre les armées de Skynet), le changement de proprio aurait pu menacer la continuité avec T3. Il n'en fut rien, ou si peu. Sorti en 2009, Terminator Renaissance fut conçu par son réalisateur McG et les scénaristes (les mêmes que T3) comme une suite au précédent opus. À ceci près qu'il fut décidé de recaster les acteurs incarnant John Connor et Kate Brewster, comme une façon de prendre légèrement ses distances avec le film de Jonathan Mostow.


Habitué au cinéma-spectacle un rien décérébré (Charlie et ses drôles de dames) et grand fan des Terminator de Cameron (son futur The Babysitter Killer Queen est un hommage improbable à T2), l'ancien clipeur Joseph McGinty Nichol (McG) hérita donc de la lourde tâche de formaliser enfin cette guerre des machines tant attendue. Une gageure tant ce quatrième opus, de par son contexte, ne pouvait plus reproduire bêtement la mécanique de course-poursuite des trois premiers. Surtout, il fallait alors profiter de ce nouveau contexte narratif pour étendre la mythologie de la saga et présenter de nouveaux personnages. La bonne idée du film aura donc été de présenter un nouveau protagoniste référent du spectateur, celui par qui tout ce nouvel univers serait découvert. Et l'idée est plus qu'intéressante, le personnage de Marcus Wright étant un condamné à mort ayant ironiquement survécu au Jugement dernier. ablement amnésique, Wright se retrouve donc vite à errer dans un futur post-apocalyptique dont les paysages désolés et désertiques, découverts en plein jour, évoquent finalement plus le wasteland de Mad Max 2 que le futur nocturne et dantesque des flash-forwards des deux films de Cameron.

Alors que John Connor nous est ensuite présenté comme un chef de guerre parmi d'autres se pliant aux ordres d'un état-major et n'ayant pas encore conquis son statut de leader de la résistance humaine, Marcus Wright rencontre deux gamins dont le plus grand, un jeune homme plutôt débrouillard, se nomme Kyle Reese.

Si Connor recherche depuis longtemps le jeune garçon qui deviendra son père, Wright se verra séparé de ses protégés et, grâce à l'aide d'une guerrière de la résistance, parviendra à trouver le QG de Connor. Là, il y découvrira une horrible vérité.


C'est bien la trajectoire de ce nouveau protagoniste, Marcus Wright, incarné par Sam Worthington un an avant Avatar, qui sera le principal intérêt de ce quatrième opus. Car si Terminator Renaissance réussissait à raccrocher les wagons avec la fin de T3 et à proposer une nouvelle mythologie, l'intrigue patissait de baisse de rythme regrettable. Surtout, si Marcus Wright se révélait être un protagoniste idéal de par sa nature hybride, partagé entre son humanité perdue et sa nouvelle nature synthétique, l'autre héros, John Connor, se voyait quelque peu éclipsé par la présence de ce nouveau personnage. D'autant plus que Christian Bale le jouera de façon étrangement peu subtile, le Batman de Nolan transformant John Connor en chef de guerre vindicatif et sans grande nuance, très loin de ce que le personnage permettait à l'aune de ce qu'il avait vécu par le é. Quant aux autres personnages, ils peinent clairement à exister, entre une nouvelle protagoniste, Blair Williams, une Kate Brewster sous-exploitée et un Kyle Reese sympathique mais encore trop peu présent. On sent bien que l'intrigue du film a été pensée pour poser les bases d'une continuité cinématographique ambitieuse où les rôles de Connor, Reese et Brewster auraient dû être autrement mieux développés, mais en l'état, c'est surtout la trajectoire du personnage de Marcus Wright qui conditionne le film et ce jusqu'à une conclusion un rien regrettable, l'ancien condamné à mort offrant sa vie pour sauver un leader dont on se rend compte qu'on n’a finalement plus grand chose à foutre.


Reste que Terminator Renaissance avait le mérite d'offrir un contexte plus ambitieux pour la saga et de se détacher de la sempiternelle structure des deux premiers films. Porté par quelques scènes d'action impressionnantes (la moissonneuse, le final dans le complexe, la confrontation avec l'interface de Skynet) mais bourré de références un peu lourdes aux films de Cameron, le film traduisait à la fois l'audace de vouloir aller plus loin et l'incapacité de s'affranchir totalement de leur modèle (au final, c'est ici Kyle Reese qu'il faut à tout prix sauver) pour proposer quelque chose de plus couillu et de vraiment innovant. C’était aussi l’occasion de prouver que la franchise pouvait fonctionner sans Schwarzenegger (et ce, malgré son faux caméo).


Une suite post-apocalyptique en demi-teinte donc mais dont l'intrigue aurait pourtant mérité d'être poursuivie dans une éventuelle trilogie (comme c'était prévu). Las, sorti quasiment face au premier Transformers, ce quatrième Terminator ne renfloua pas suffisamment les caisses, son échec au box-office interdisant instantanément toute suite à cet opus futuriste. Revendue aux enchères à une fille de milliardaire, la franchise Terminator reparti donc dans une nouvelle direction, faisant l'ime sur l'existence des opus 3 et 4 si mal-aimés. Et les scénaristes suivants ne trouvèrent rien de mieux que de proposer une sorte de reboot alternatif au premier film, jouant pleinement du prétexte des paradoxes temporels pour justifier une nouvelle course-poursuite face à un ennemi invincible, avec l'idée (ô combien stupide) de transformer John Connor en méchant cyborg. Terminator Genisys sera une purge à peine meilleure que l'indigent Terminator Dark Fate, où James Cameron, revenu au script, eu la grande idée de tuer John Connor dès le début du film (niant du même coup l'utilité de son Terminator 2) afin de justifier une mythologie alternative inepte, juste prétexte pour proposer (encore) une énième course-poursuite avec un tueur indestructible. La saga Terminator se sera donc vu enterrée par son propre créateur qui, ironiquement, déclarait mépriser les 3ème et 4ème opus alors que son Dark Fate s'avère bien plus pénible à revoir. Car à l'aune de ce qu'est devenu la franchise, il faut bien l'avouer, il aurait été tellement plus intéressant de voir une suite à Terminator Renaissance, où Connor aurait resserré les liens avec son père et où l’on aurait pu assister à une défaite totale et spectaculaire de Skynet.

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Buddy_Noone

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