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“Puppets doing jokes is not funny (...) But when you see puppets doing melodrama, spitting up blood and talking about how they were raped as children, that's funny.” - Matt Stone
De ce simple postulat (qui vous dira d'entrée de jeu si vous êtes partants ou non), que l’on prendrait pour une ineptie venant de quelqu’un d’autre qu’un des co-géniteurs de South Park, naquit Team America. Un film en réponse au 11 Septembre qui vient dynamiter le politiquement correct dans un savant mélange du plus gras et du plus pertinent, propre au duo Parker-Stone. Une œuvre où tout le monde en prend pour son grade dans la plus réjouissante des potacheries, jusqu’aux acteurs hollywoodiens, décrié pour prendre trop de place aux infos au détriment d’experts géopolitiques, qui finiront tous dans un bain de sang expiatoire. Certains en rigolent (Baldwin, Damon, Clooney…), tandis que d’autres envoient des lettres d’insultes (Sean Penn, mais au vu des casseroles du bonhomme, on ne s’étonnera pas). Kim Jong Il quant à lui demanda à la République Tchèque de bannir le film, ce qui lui sera refusé bien gentiment. Bref, ça titille ceux qui sont censés l’être, et ça le fait avec le sens du détail qui parfait tous les stéréotypes (vous remarquerez ces pavés en forme de croissants au beurre dans les rues de Paris).
Car outre le choix d’emmerder la bien pensance, force est de reconnaître la qualité du travail abattu, au premier degré. Des décors fourmillant de détails, des effets spéciaux en dur, des marionnettes et des costumes en pagaille… Les équipes du film n’ont pas chômé et ça se voit à l’écran, quitte à ce que le perfectionnisme du boulot servent à des rappels constants et volontaire à l’absurdité du dispositif pour pallier les contraintes techniques : des ébats torrides sans parties génitales qui quittent les sentiers du porno vanilla, un duel de kung fu sans la possibilité d’animer les membres convenablement, un jeu récurrent sur les échelles des poupées dans des décors réels ou avec de véritables chats devenus panthères, des litres de vomi qui excèdent au multiple la contenance de leur regurgitateur… Si on ne peut pas le faire proprement, alors on en fera un gag. Et puis il y a cette bande-son composée de tubes instantanés tels que “Everyone has AIDS”, “America, Fuck Yeah”, “Freedom isn’t free” ou encore “Montage” qui accompagnent le score de Harry Gregson-Williams (Metal Gear?). De quoi raviver mon fol espoir de voir un jour leur Broadway musical The Book of Mormon arriver en .
Mais voilà, il y a tout de même un hic. Team America perd énormément de sa pertinence avec le temps. De par ses thématiques éculées qui font pâle figure face au fonctionnement de South Park, où les épisodes étaient créés une semaine avant leur diffusion pour coller à l’actualité, et qui pour certaines ont connu certains revirements de pensée pour le duo (climatosceptiques il y a vingt ans qui ont depuis fait leurs excuses à Al Gore et son Man-Bear-Pig dans un épisode). De par ses références également, trop ancrées dans leur époque : Kill Bill, Matrix, Pearl Harbor…
Et par la finalité du récit dont la fine analogie à base du triangle “dicks, pussies and assholes”, ou le lâché final d’un “I know you don’t like Team America right now, but Kim Jong Il is much worse !” qui ressemble fort à du whataboutism que l’on a trop vu chez le verrat orange depuis. Des éléments qui tentent de justifier la réponse américaine au 11 Septembre comme une nécessité. On pourrait défendre le duo en arguant de leur manque de recul en 2004, mais vingt ans plus tard et les conséquences connues, c’est un peu dur à avaler.
Ca se regarde toujours bien si on est client de la satire à la sauce Parker-Stone, mais on ne peut s’empêcher d’avoir quelques grincements quant au message.