L'exil et sa dernière errance au Brésil de Stefan Sweig loin de cette Europe déchirée de 39/40, seront sobrement filmés par Maria Shrader.
Invite à relire le témoignage de ce grand esprit du siècle dernier, qui se nommait "enemy alien ", d'une lucidité immense sur sa chère vieille Europe de la liberté et du chaos (ça fait résonnance à un présent de moins en moins able).
Sa qualité "d'Autrichien, de juif, d'écrivain, d'humaniste et de pacifiste" qu'il annonce en préface du "Monde d'hier", son autobiographie, comme son seul privilège, et la multitude de ses vies au sein d'un des siècles les plus monstrueux, comme "homme libre, asservi, riche, pauvre", est à mettre en perspective avec une vision humble de lui même, ant loin derrière sa volonté de mettre à la lumière les affres de ses contemporains. Toute son œuvre est traversée par ce défi.
Le film suggère avec justesse et une certaine audace le regard empathique d'un homme anéanti, dont l'engagement littéraire (mais non idéologique) subissait incessamment le poids de la culpabilité.
Ce dilemme est tout à l' honneur de l'écrivain car avant tout le résultat d'une recherche de rigueur. C'est assez bien vu dans le film, évidemment, cela donne un ensemble parfois étiré, mais sans doute inévitable.
Par contraste avec le bavardage inepte de nos soit-disant hommes politiques...(ô qu'ils se taisent...!)
Le premier et dernier plan font écho à cette fissure schizophrène, la splendeur aristocratique et glaciale de la réception où l'écrivain est vu de dos, par contraste avec la dernière longue scène cadrée sur une fenêtre close et l'autre ouverte...
Promesse d'avenir, selon ce que Sweig s'évertuait à dire pour tenter de s'en convaincre ...