C’est toujours un pari risqué que de vouloir faire un film d’horreur chanté, d’où le fait qu’il y en ait si peu. Il y a bien Repo The Genetic Opera ou Poultrygeist, mais en gros ça se compte à peine sur une main de Tortue Ninja.
Les raisons de ce fait sont simples, tout le monde n’aime pas les métrages qui poussent la chansonnette, d’autres trouveront ça ridicule, et enfin il faut du pognon, car incorporer paroles, danses et scénario demande une certaine ingéniosité au niveau de l’écriture comme de la mise en scène. Il faut aussi de bonnes chansons, or ça se trouve pas sous le sabot d’un cheval, d’où le besoin de dollars. Si l’on repense à Repo The Genetic Opera ou Poultrygeist on se souvient de morceaux relativement entrainants et de deux films réussis, mais musicalement parlant ça ne vole pas plus haut qu’une flatulence d’altiste en pleine performance, une raison supplémentaire pour pousser producteurs à éviter le fiasco.
Stage Fright, bien que très nettement supérieur à ses ainés ne déroge pas à cette règle, c’est sympa mais y’a pas de quoi se relever la nuit. Allie MacDonald, autour de laquelle le métrage gravite et se repose entièrement, a non seulement une voix d’ange, mais aussi une classe particulière comme pouvaient en avoir les actrices des années 50. Difficile de ne pas être littéralement hypnotisé par sa prestance et son visage innocent. On peut dire que niveau casting il aurait été difficile de faire mieux.
Certains points qui fâchent sont cependant la quasi absence d’utilisation de Meat Loaf, ce qui est dommage pour un opéra rock, mais plus grave, ça manque vraiment de rock ! Pour faire simple les seuls moments où l’on entend de la gratte sont lorsque le tueur est à part en train d’hurler sa haine. Non seulement ça donne une image « rock = maniaque » mais en plus le métrage étant d’abord axé humour, ses apparitions sont brèves, nous privant beaucoup trop de rock, et empêche même par moment le film d’ du potentiel qu’il avait.
Heureusement son potentiel humoristique n’est pas mis à la poubelle, lui, et les blagues sont balancées à si bon train qu’on se marre assez souvent, certes pas au point de détrôner Pourltrygeist, mais suffisamment pour faire de Stage Fright une sympathique référence dans le domaine. Dommage que Jerome Sable, scénariste et réalisateur, n’ait pas poussé la chose au point de tourner le slasher en dérision, car au final on se retrouve avec une histoire qui n’a rien de vraiment original. Heureusement que les meurtres sont particulièrement sanglants et bien détaillés (mais peu nombreux), ce qui plaira sans nul doute aux amateurs du genre.
Stage Fright est un très bon essai dans le domaine mais il n’est hélas pas exempt de défauts. Rythmes manquant de pêche et histoire bateau l’empêchent d’atteindre l’excellence alors qu’il en avait le potentiel. Il n’en reste pas moins une petite bombe d’humour soutenue par du gore réussi et l’étonnante performance de Allie MacDonald.