Mine de rien, Sony serait plutôt raccord avec le sujet du jour, puisque la compagnie, au sein de son propre univers consacré au tisseur, fait voisiner l'immondice de ses pseudos méchants périphériques tels que Venom et Morbius avec l'excellence animée autour de Miles Morales et déployée en 2018.
Soit deux mondes aux antipodes du cinéma en général et des films de super-héros en particulier.
Si en 2023, Across the Spider-Verse était archi attendu, la déception pouvait être au rendez-vous, tellement les ambitions affichées menaçaient de faire crouler le film sous son propre poids. Tellement il était sûr que l'effet de surprise de 2018 était éventé, notamment à cause d'un multivers souvent exploité de manière erratique par un MCU à la recherche d'un nouveau souffle durable depuis Avengers : Endgame.
Et puis, mine de rien, le casting de réalisateurs avait aussi changé.
Sauf que le miracle a encore une fois eu lieu. Car comme en 2018, Across the Spider-Verse s'impose comme une nouvelle réussite magistrale, mais qui ferait presque oublier l'existence de Spider-Man : New Generation.
Car si en 2018, il était porté à l'écran un véritable melting pot pop, 2023 insuffle la vie à un furieux maelstrom, une explosion créative de couleurs, d'émotions et d'énergie illustrée par la quasi intégralité des formes d'art et de dessins. Où Kandinsky et Warhol côtoient par exemple la douceur du dessin de Phil Noto associée aux jeux de couleurs de Mike Del Mundo, le temps d'une scène d'aveux déchirante se déroulant dans une chambre d'adolescente.
2023 e aussi le même miracle de la surprise qui emporte tout sur son age, alors même que les thématiques de pouvoirs et de responsabilités mises en scène demeurent classiques. Dès le premier combat de haute volée tenu dans un musée d'art moderne face à une nouvelle interprétation d'un Vautour made in Leonard Da Vinci, le spectateur exalté abandonne ses dernières réticences, vaincu par autant d'énergie cinétique et d'inventivité inondant l'écran.
Tandis que la vista du duo Lord / Miller s'incarne encore, tout d'abord en faisant d'un méchant ridicule de troisième zone un putain d'antagoniste surpuissant. Puis en donnant un nouveau visage à la réussite de La Grande Aventure Lego, en surfant de manière méta sur les archétypes de la construction des héros de comics, amenant les figures de proue de l'aventure à prendre conscience de leur propre écriture mythologique.
Des héros évoluant en duo, Miles abandonnant rapidement son côté frivole, tandis que le spectateur tombe de nouveau, de manière immédiate, sous le charme de Gwen l'aérienne, mais profondément tiraillée par les enjeux de l'intrigue déployée.
A nouveau, le couple fonctionne du tonnerre dans son évolution inverse, permettant de er de l'amour à la mélancolie, du sourire aux larmes, tout en imprimant dans l'oeil de celui qui a payé sa place des images tout aussi renouvelées que puissantes tutoyant le baiser inversé mis en image par Sam Raimi en 2002.
Des émotions qui se bousculent dans le coeur, tout comme, à l'écran, les styles convoqués, la puissance et la profondeur de la mise en scène, la cinétique cinématographique délirante, la griserie des acrobaties aériennes ou encore un aspect cartoon d'une vivacité tellement ahurissante qu'elle s'approche d'une sensation de vertige tout simplement revigorante.
Across the Spider-Verse constitue la meilleure des réponses face au pronostic des bougons et des éternels aigris qui ne cessent d'appeler de leurs voeux la mort du super-hero movie : car en effet, le genre recèle assez d'énergie, d'émotions et de réflexion pour durer vingt ans encore dans les mains de tels génies.
Behind_the_Mask, qui garde un sacré Moral(es).