Sam Raimi semble avoir entendu les compliments qu’on a pu lui faire sur le premier volet de sa trilogie consacrée à l’homme araignée, et va donc exploiter le même filon, équilibre savant entre action et épaisseur psychologique, comédie et romance adolescente.
Puisque Peter Parker est désormais un super héros établi, il s’agit de le faire douter quant à ses engagements. Dans un registre assez proche de Batman, mais dans une noirceur certes plus édulcorée, il porte sur ses épaules le taux de criminalité de la ville tout en subissant les foudres d’une opinion publique fluctuante menée par le directeur du journal (J.K Simmons qui avant Whiplash, avait donc des cheveux, mais déjà du talent, cette fois dans un registre comique qui fonctionne pleinement), tout en s’acharnant à renoncer à tout ce que sa stature pourrait lui offrir. Toute la – longue – exposition revient sur cette lose du héros bien seul, empêtré dans ses missions qui l’empêchent de vivre l’amour, le mettent dans une position délicate avec son ami dont il a tué le père ou sa tante dont il porte la responsabilité du veuvage. Les temps sont durs, et on nous le fait bien comprendre, en revenant un peu trop sur l’opus précédent. Si l’épaisseur psychologique y gagne, le rythme en pâtit. Il n’empêche que la crise d’impuissance du héros (difficile en effet de ne pas faire le lien entre ses projections blanchâtres et la symbolique qu’elles sous-tendent…) et sa tentative d’abandon de sa stature occasionnent de jolies séquences, faisant de Peter Parker un homme incapable dans ses aptitudes ou un héros amputé de toute humanité, entre-deux inconfortable et bien exploité, dans la comédie (le voir prendre l’ascenseur pour descendre un immeuble n’est pas sans saveur) comme dans le drame.
Sur le terrain du blockbuster à proprement parler, les promesses sont tenues. Le méchant de service offre un peu moins de laideur que le précédent, et ses bras mécaniques occasionnent de jolies séquences de baston aérienne, les tentatives de renouvellement fonctionnant plutôt bien (le métro aérien, par exemple, ou les déplacements toujours plus fluides du héros entre embouteillages et sommets de buildings).
En résulte un équilibre assez efficace, certes empesé par les allées et venues d’une romance à rallonge et l’inévitable affrontement final avec petite amie attachée à une bombe atomique. Sur le terrain formaté de Marvel, force est tout de même de constater que la version Raimi de Spiderman possède une singularité qui le sauve de la lassante standardisation généralement à l’œuvre.