Peut-on faire d'une horrible histoire vraie un joli film romantico-onirique?

C'est une histoire vraie, terrible et sinistre qui s'est ée en Sicile à la fin du XXème siècle. Un garçon de 12 ans, fils d'un gangster repenti, est enlevé et séquestré par des mafieux qui veulent ainsi forcer son père à rétracter ses accusations, alors qu'il collabore désormais avec la justice du pays. Le garçon est maintenu en captivité pendant plus de deux ans dans des conditions extrêmement difficiles, et même entachées de sadisme (d'après ce qu'il en a transpiré ensuite) pour, très affaibli, finir assassiné, étranglé, après 779 jours de détention. Son corps est ensuite dissous dans une cuve d'acide nitrique et ses restes jetés dans un lac (ou la mer) ; on n'a jamais rien retrouvé de lui.
De cette horrible histoire, Fabio Grassadonia et Antonio Piazza ont tiré un scénario (récompensé en Italie du David Di Donatello du "meilleur scénario adapté" en mars dernier) qui éclaire ces faits en les présentant sous la perspective d'une histoire d'amour à peine naissante (entre Giuseppe, un écolier de treize ans fils de mafieux et Luna, une jeune camarade de classe qui n'a d'yeux que pour lui) que déjà contrariée, puisque le garçon est tout de suite kidnappé et qu'ils ne se reverront plus jamais, sinon en rêve au cours d'épisodes purement oniriques.
La jeune fille tente bien tout ce qu'elle peut pour retrouver son Giuseppe en questionnant puis espionnant la famille de celui-ci et leurs familiers, en alertant les autorités de l'école, la police, l'opinion publique du village, mais elle se heurte à l'omertà (ou loi du silence) habituelle dans ces affaires de règlements mafieux et rien n'y fera. Giuseppe restera captif, introuvable et sera transporté de cache en cache, espérant une libération, se rebellant autant qu'il peut, mais de plus en plus conscient de sa faiblesse, de plus en plus seul, misérable, désespéré, détruit.


Seule la mort sera au bout de son calvaire. Et le spectateur aura même droit, comble du mauvais goût, à voir des lambeaux de sa chair mal dissous par l'acide nitrique flotter et se disperser dans les eaux du lac (?) où ces restes blanchâtres sont finalement jetés. Quant à Luna (qui, elle, est un personnage de fiction), son extrême jeunesse reprendra le dessus et elle retrouvera finalement goût à la vie en se consolant avec le copain de lycée du mec de sa meilleure amie.


Est-il nécessaire de le préciser ? Je suis sorti très assombri de la projection de ce film qui emballe joliment une atroce histoire dont je n'avais jamais entendu parler mais qui est célèbre en Italie et dont l'épilogue ne remonte qu'à 1996.

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le 15 juin 2018

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Fleming

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