It’s a miracle to realize that somebody loves you.
À travers Si Beale Street pouvait parler, Barry Jenkins nous offre un nouveau film envoûtant, en parfaite continuité avec Moonlight. Véritable osmose entre les différents éléments qui le composent - mise en scène, image, musique, direction artistique - le film transmet sa délicatesse avec une grande facilité. Toujours dans la subtilité, jamais mielleux, Jenkins y oppose la pureté d’un amour face à l’injustice.
Cet amour, c’est l’adaptation du roman If Beale Street could talk écrit par James Baldwin dans les années 70. Jenkins a fait le choix de conserver le même cadre spacio-temporel pour porter son histoire à l’écran. La romance est utilisée pour dénoncer, et Si Beale Street pouvait parler ne tombe jamais dans le simple film à l’eau de rose. Transpirant de sincérité, porté par un duo d’acteurs charismatiques dont on ne peut difficilement espérer mieux, le film captive sans jamais s’essouffler.
Il me semble aussi essentiel de relever un élément clef qui compose le long-métrage : son OST. Envoûtée par la bande originale, une sensation de flottement se fait sentir lors des scènes au ralenti, portées par un sublime leitmotiv signé Nicholas Britell : impossible ici d’effacer de mon esprit une pensée pour In the mood for love de Wong Kar-wai. Enfin, comment ne pas évoquer les sublimes plans rapprochés chers à Jenkins qui parsèment ces deux heures de douceur, et magnifient davantage tous les acteurs. Renversant.
I'm tired, and I'm beginning to think that maybe everything that
happens makes sense. Like, if it didn't make sense, how could it
happen? But that's really a terrible thought. It can only come out of trouble, trouble that doesn't make sense.
Jenkins porte ici à l’écran un film poétique comme il avait su faire avec Moonlight. Délicat mais difficile, beau mais percutant… On en retiendra que finalement, c’est cet amour ion qui l’emporte face à la colère et la haine.