je dois être le seul ici ce soir à n'avoir pas revu La Maman & la Putain qui était rediffusé sur Arte, suite à la mort de Bernadette Lafont. C'est un film immense - même si ce n'est pas l'Eustache que je préfère, et de loin -, mais je n'avais pas envie de m'y confronter ce soir, tant c'est un film dur, âpre, violent. Et puis, j'aime choisir les jours où je vois/revois les films. Et puis, surtout, j'attends comme tout le monde - et j'espère pas en vain -, que sorte enfin l'intégrale Eustache pour tout revoir chronologiquement.
Bref, ce soir j'ai revu un film qui lui aussi met en scène un triangle amoureux, drôle de coïncidence. Wild Things est un excellent polar, totalement représentatif de la fin des 90's, à l'époque où le twist final peut encore être un élément intéressant puisqu'il n'a pas encore été galvaudé. Ici, c'est une surenchère de twists qu'on nous propose, presque jusqu'à l'abstraction. Mais MacNaughton est un bon cinéaste, et sait quoi faire de tous ces renversements de situation. A chaque fois, le spectateur n'est pas simplement "surpris" (aucun intérêt) mais est amené à reconsidéré tout ce qu'il vient de voir précédent sous un autre angle. Et le twist suivant redistribue à nouveau les cartes. Ce qui est blanc devient noir, plus blanc, puis noir... Écriture intelligente, hitchockienne, qui fait d'un gimmick un vrai motif narratif.
Visionnage 2019 - plus je le revois (je commence à vraiment bien le connaitre) plus ce film, de l'excellent John McNaughton, prend la patine d'un classique du film noir. Le côté sexy putassier s'efface, le côte film à multi twists s'efface aussi, pour laisser la part belle à la brillance de la mise en scène. J'avais jadis écrit un mot (ou plusieurs) sur le revival du film noir dans les 90's, le néo-noir, et comment ce cinéma-là réactivait les codes des films des 40's, celui-ci est un bel exemple du genre, et il est peut-être même le dernier grand fait d'arme du genre, chronologiquement.