Bien qu’intéressant d’un point de vue contextuel, un homme navigant seul dans l’immensité océane, le film perd parfois en attrait de n’être qu’à de très rares moments transcendé dans sa mise en scène. On n’ira pas jusqu’à dire que l’immense réalisateur de La Harpe de Birmanie et de Feux Dans La Plaine, films au sujet probablement plus grave et de ce fait plus aisément développable, se laisse aller à faire du filmage sans chercher à donner de l’épaisseur à sa narration, mais ça reste souvent assez platonique dans le traitement.
Se contentant souvent d’enchainer la difficulté du présent dans cet affrontement perpétuel contre l’implacabilité d’un océan qui n’a de pacifique que le nom, avec utilisation de la voix-off du principale protagoniste, et flashbacks restituant son rapport à sa famille et la non-acceptation de ces derniers quant à son choix de partir à l’aventure.
Malgré ces quelques réserves qui sont beaucoup plus liées aux attentes que j’avais de la part de cet immense réalisateur, il faut avouer que le film reste agréable à regarder et s’apprécie, notamment grâce à une sorte de légèreté et une bonne humeur générale qui tranche souvent avec la difficulté et le déement de soi que représentent cette échappée maritime à bord d’un petit bateau bricolé hâtivement et pas suffisamment équipé pour affronter son sort. Il faut voir le personnage principal lutter et en baver perpétuellement sans jamais perdre espoir, et tout ça avec une sorte de maladresse touchant presqu’au burlesque et qui rend son personnage d’idéaliste touchant au final.
Plutôt bien filmé, et réellement crédible d’un point de vue formel, ce sympathique film doit être pris pour ce qu’il est au final, un agréable spectacle sans prétention de la part d’un grand réalisateur.