Revelations
6.1
Revelations

Film de Yeon Sang-Ho (2024)

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Fantastique éphémère

Depuis le populaire et confus "Dernier Train pour Busan", l’électroencéphalogramme de l’activité cérébro-cinématographique de Yeon Sang-Ho relève d’une navrante platitude.


Coupable depuis de quelques malfaçons commises principalement pour le géant du Streaming au N rougeoyant, ‘Psychkinésis ou Jung’, le cinéaste revient avec un projet prometteur, accueilli déjà avec une certaine bienveillance, voire un enthousiasme mesuré par les critiques, d'autant (et c'est peut-être la raison principale de cet intérêt) que le métrage est produit par Cuaron, qui semble désormais avoir ses chaussons près de la cheminée chez le géant du streaming.


Lorgnant volontiers dans ce qu’il présente, vers le thriller fantastique, dans la volonté de faire écho probablement au maitre étalon en la matière qu'était "The Strangers" de Na Hong-Jin, "Revelations", emprunte à la tradition de l'enquête mystique au sein d'une communauté religieuse, choisissant comme certains de ses ainés la confrontation entre le sordide et le religieux, qui se pare souvent d'une atmosphère étrange, brumeuse séduisante (le Nom de le Rose, Angel Heart) .


C'est donc avec une inquiétante et prometteuse scène de célébration au sein d'un temple protestant que s'ouvre "Gyeshirok", lorsqu'apparait pendant la cérémonie la silhouette menaçante de Kwon Yang-rae, tout juste libéré de prison s'avançant calmement sous le regard terrorisé d'une jeune collégienne, (qui disparaitra peu de temps après). Le pasteur en homme de foi accueille l'homme avec empathie, malgré le bracelet électronique qu'il aperçoit.


Comme ses confrères cinéastes coréens Yeon Sang-ho installe très vite et avec une certaine habileté un climat de tension vouluirrespirable : enchainement rapide des événements (enlèvement du fils du pasteur , disparition de la jeune fille donc, une jeune inspectrice chargée de l'enquête sœur de la dernière victime du sadique), plans courts, poursuites nerveuses, en quelques minutes d'une efficacité narrative et visuelle (un peu), les enjeux et le propos sont esquissés.


Cependant, très rapidement également les choix scénaristiques (le scénario est développé à partir d'un Webtoon créé par le réalisateur et Choi Kyu-Seok) interrogent quant à leur pertinence, un premier "coup de théâtre" amène une résolution brutale des enjeux, ébauchant une autre intrigue plus secondaire et tel un canard étêté, le récit entame une course effrénée mais un peu vaine dans une nouvelle direction épousant un de ces fameux mais fumeux rebond scénaristique avant d'emprunter à nouveau un autre chemin... Bref YSH prend le parti de s' abimer dans une recherche permanente d'effets (de surprise), oublie de développer ses situations et peu à peu se concentre sur la confrontation entre les personnages, humains déceptifs abandonnant tout à fait le mysticisme à une réalité dépourvue de grandeur.


De fait les deux scènes finales qui font montre d'une belle inventivité formelle


notamment le dialogue (à trois !) en faux-champ contre-champ avec une caméra révélant le point de vue du pasteur scrutant tour à tour ses deux prisonniers


voire les scènes avec le psychiatre qui initient une belle réflexion psychologique suffisent tout juste à rendre le métrage "regardable"



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le 23 mars 2025

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Yoshii

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