Avec l'avènement du concept de post-vérité, on ne devrait pas s'étonner que le cinéma puise régulièrement dans le é afin de tenter de nous avertir que celui-ci peut se répéter demain, voire même dès aujourd'hui.
C'est que 5 Septembre, La Fabrique du Mensonge et ce Radio Prague : Les Ondes de la Révolte épousent finalement un même prisme, historique, et une même manière de parler du pouvoir de l'information, de son traitement et de son impact sur les esprits captifs, que ce soit par la stupeur et l'effroi, par la propagande, ou encore par une idéologie.
Radio Prague apparaîtra sans doute un poil classique aux yeux des habitués du genre revival historique. Ils auront sans doute raison. Mais l'oeuvre aura le mérite du rythme, surtout dans une seconde partie haletante, et d'entremêler une part de fiction à cette description précise des évènements du Printemps de Prague, via une galerie de personnages attachants et tous incarnés avec justesse.
L'oeuvre lorgnera par ailleurs plus d'une fois vers des impressions typées thriller, en dessinant hors champ, puis de plus en plus frontalement, la censure, la police politique tchécoslovaque et une armée invasive rappelant les ambitions de la Russie actuelle.
La contradiction de la Vérité imposée, le combat contre l'approbation officielle animent quant à eux une première partie dont chaque avancée, aussi maigre soit-elle, vient alimenter une sorte de parenthèse enchantée trompeuse au regard de la précipitation de la grande Histoire. Car Radio Prague : Les Ondes de la Révolte fait succéder à l'embellie éphémère une impression de gueule de bois sévère, avec la répression communiste en forme de négation de la réalité du soulèvement.
Et on a beau connaître la fin de l'Histoire, Radio Prague : Les Ondes de la Révolte réussit à faire frémir pour ces personnages coincés entre leur engagement et les pressions qu'ils subissent dans leur vie privée, la perte d'un leader et la nécessité de faire front.
Le sujet est ionnant, soutenu par une reconstitution minutieuse, ou encore par la réussite de son impression de réalité, en imitant le rendu des images des reportages et images d'archives. Et si, à l'instar de 5 Septembre, l'oeuvre est souvent comme confinée dans les locaux de la radio dissidente, le désir de liberté transpire de chaque image, de chaque visage.
Dommage seulement que dans la confusion de l'intervention russe, le scénario semble souffrir de quelques facilités d'écriture. Mais rien qui ne saurait museler la force de conviction d'un film qui n'aura jamais paru aussi actuel.
Behind_the_Mask, naguère froide.