En tant que double, William Lee porte bien : veston, feutre, grosses lunettes, flingue et seringue. Mais le Bill n'a pas plus de consistance qu'une feuille de papier à cigarette en dépit de la silhouette robuste de Daniel Craig, inexploitée.
La quête d'un corps déjà vieillissant souhaitant repousser ses limites par la drogue, le sexe et l'alcool peine à convaincre tant tout est soigné, lisse, prêt à porter.
On peut saluer la tentative de Luca Guadagnino de ne pas se complaire dans la déchéance, de poser un regard tendre sur son Lee, colosse semi fragile, fantôme hantant sa lourde carcasse, mais le risque, trop grand, surtout eu égard à l'étirement de certaines scènes, est de flirter avec la mièvrerie et le désabusement nombriliste. La romance n'aide pas, plutôt fade, et la construction du récit en 4 parties, assez déséquilibrée, provoque une distanciation malvenue.
C'est dommage, parce que ce film aux décors factices, théâtre sensuel visuellement travaillé, avait de quoi questionner réalité et fiction (et donc, la vie et le désenchantement) telle cette scène, excellente, où Lee regarde la maquette de son immeuble dans lequel il évolue, comme enfermé dans sa propre histoire, mise en abîme cinématographique, promesse d'un voyage halluciné qui, au final, nous laisse à quai au milieu d'images qui s'éternisent, poseuses.