Si vous cherchez un film intelligent et drôle à la fois, émouvant et poétique sans verser dans le cul-cul, original tout en rendant hommage aux vertus traditionnelles, voilà ce qu’il vous faut : encore une fois, et pour peu qu’on ne considère que l’époque où ce film vit le jour il y a bientôt une génération, le staff de studio Ghibli prouvait là de manière indiscutable qu’ils maîtrisaient, et maîtrisent encore pleinement leur sujet à l’inverse de nombre d’imitateurs dont le talent s’est fané au fil du temps.
Comme toujours avec de tels auteurs, ce n’est pas le résumé de l’histoire qui m’a fait regarder ce film pour la première fois il y a maintenant plus de dix ans. Le nom de Ghibli m’a suffi et j’ai é un de mes meilleurs moments d’anime, dont je garde encore un souvenir aussi intense qu’ému. Car Pompoko compte parmi ces histoires qui ne se basent sur la légende et la tradition que pour mieux les absorber, les faire siennes à travers une parodie fine doublée d’un discours à la pertinence subtile.
Ici, en effet, la modernité se voit une nouvelle fois questionnée par des éléments mythologiques traditionnels replacés dans un monde contemporain où le plus néfaste n’est pas forcément celui qu’on croit. Et depuis, cette problématique si typiquement nippone a fini par gagner l’ensemble des pays industrialisés. Pour cette raison au moins, vous ne vous tromperez pas beaucoup en décidant de découvrir, ou de redécouvrir cette œuvre éternelle sous bien des aspects et en particulier ceux qui comptent.
Pas de moralisme lourdaud cependant, ni de happy end d’ailleurs, techniquement parlant du moins puisque l’histoire ne finit pas « mal » à proprement parler non plus. Beaucoup d’humour par contre. Et de la dérision. Peut-être parce que ne pas se prendre trop au sérieux reste une des meilleures recettes du monde mais aussi en raison des origines nippones de l’œuvre. Car on peut distinguer ici une résurgence de ce grotesque zen qui amplifie tous les défauts d’un sujet pour mieux en cerner l’essence.
Quelques longueurs ici et là tendent à faire penser que le film aurait pu être raccourci d’un petit quart-d’heure mais ce très léger défaut reste bien assez sporadique pour er inaperçu. La magie est bien là tout le long par contre. En fait ce film en donne presque sa propre définition, assez ancienne d’ailleurs, celle que Hollywood a une fâcheuse tendance à nous faire oublier avec des histoires convenues et farcies d’effets spéciaux aussi inutiles que racoleurs.