Une bande de jeunes noirs immigrés sévit en Suède. Par le biais d'une domination psychologique bien rodée, ils s'accaparent (allez, volent) des téléphones portables. On suit un trio d'amis victime du gang alors qu'ils faisaient quelques courses dans un centre commercial.
Le rythme est lent (quel sens de l'observation) mais pour le film je trouve que c'est plutôt adapté. J'ai aimé les plans où la caméra filmait légèrement à côté avec les protagoniste partiellement voire totalement hors-champ (excusez les termes pas très techniques), la combinaison de tout rajoutait à l'authenticité, au naturel, à la justesse, à la neutralité et aux bons moments au côté oppressant.
Les jeunes acteurs sont vraiment tous bons et ne se limitent pas à leurs rôles de "victimes" et "bourreaux", ça m'a paru tellement plus nuancé que ça que je me sens obligée de mettre des guillemets.
Aucun parti pris, aucun jugement, aucun cliché n'est pris. Ce qui m'a attiré vers ce film c'est que la terrible bande soit noire, en lisant ça dans le résumé je me suis dit "houla" et j'ai donc voulu voir ce que ça donnait. Par la suite j'ai pu lire des gens trouvant mauvais ce cliché du "méchant noir" et "bon blanc" ; problème : à aucun moment le film n'est manichéen et prétend cantonner chacun en fonction de sa couleur ou prétendre dénoncer une réalité générale et systématique.
Bien au contraire, c'est un simple respect d'une histoire qui a vraiment eu lieu et je pense que ce choix est justement pour montrer une histoire comme ça où il n'y a aucun mal à retransmettre UN évènement tel qu'il a été ; le respect jusque dans les origines est simplement une concordance avec l'histoire qui a + rapport aux classes sociales (sauf si vous tenez à prendre des blonds aux yeux bleus dans les rôles d'immigrés somaliens). Et la force est donc dans la tension sous-jacente constante avec des scènes parfois plus détendues mais qui gênent parce qu'on se rappelle que le trio qui se fait mener par la bande n'est pas là par plaisir (je vise la scène des pompes, de la course, d'un petit qui incite gentiment le petit à la parka bleue à appeler sa mère, vers le début quand la parka verte discute avec un des membres du gang de son équipe de foot, etc... qui les remettent en position d'enfants qui pourraient presque être amis en d'autres circonstances) et parfois le trio qui n'hésite pas à essayer de mettre leurs copains dans une moins bonne position pour être laissés tranquilles (au début quand ils demandent à John d'aller parler à la bande tout seul ; quand parka verte oblige parka bleue à rester, quand deux des copains rappellent au troisième "c'est à cause de ton portable à toi", etc).
Donc vraiment une ambivalence tout du long qui n'a aucun but malsain. Tout comme la violence ive dont fait preuve le gang, on montre l'habitude de consommation et de richesse pas très saine dont font preuve les trios issus d'un bon milieu social (mis en évidence par la première scène où un enfant perd une somme importante d'argent mais ne s'en soucie pas plus que ça ; pas très subtile mais le message est efficace et la scène finale selon mon interprétation que j'explique à la fin, putain de teaser).
Lorsqu'apparaissent des adultes c'est pour donner des leçons, réprimer, agir a posteriori (la dame du magasin qui pense surtout à leur dire que c'est pas bien de crier au loup pour rien alors il faut faire attention avant d'appeler la police ; l'homme du bus toutefois sympathique qui propose son aide "j'ai tout vu" mais qui n'a rien fait dans l'instant présent ; les contrôleurs qui les embêtent un peu après la journée infernale qu'ils viennent de er, etc.). Toujours en les prenant de haut et pas trop au sérieux (triste, énervant mais compréhensible).
Et donc cette fin d'histoire qui aborde de manière plus frontale la situation d'immigré et qui là encore ouvre sur des questionnement sans prendre position. Cela avec l'affrontement une femme qui interpelle le père qui a bousculé un des jeunes "vous êtes en position de force, arrêtez, le touchez pas, c'est un enfant immigré" (on éprouve même de la pitié pour le petit, même le père d'ailleurs) et ce père qui dit très justement "j'ai pas choisi le voleur de mon fils, ça n'a rien à voir avec le fait qu'il soit immigré". Les deux ont raisons, situation délicate et en mettant cette pointe d'excessivité chez le père et de je-parle-sans-savoir chez la femme, on édulcore chacun de leurs discours et on laisse le spectateur méditer sur deux positions qui ont du bon et du moins bon.
Un seul bémol, le parallèle avec le berceau qui devait avoir une signification puissante mais qui m'a échappée très franchement.
Et, enfin, la scène finale avec John qui joue de la clarinette. Pour moi, ça ret une réplique d'un des membres du gang durant le film qui disait quelque chose du style "de toute façon si tu n'as plus ton portable, papa et maman t'en rachèteront un autre et rien aura changé".
Et en effet, ils ont pris la clarinette de John et au final il se retrouve devant sa classe à interpréter un morceau avec une clarinette identique à celle perdue sans + d'autre soucis que ça. Je sais pas si c'était le but de cette scène mais c'est comme ça que je l'ai pris.