Ce court-métrage de 2021 est une belle surprise, César mérité du meilleur court en 2023. En 25 mn, il nous raconte l’histoire de Julien (Bastien Bouillon), jeune romancier à succès qui a fait sa vie à Paris et qui revient chez ses parents commerçants artisans dans le Calvados pour les aider à déménager. Il retrouve par hasard au supermarché Caroline (Juliette Armanet), employée ici, enceinte, et qui a été son amour de jeunesse, sans que les deux aient d’ailleurs osé se l’avouer à l’époque. De belles retrouvailles en chansons, car la réalisatrice intègre au récit quelques chansons interprétées par les acteurs et actrices eux-mêmes (Cabrel, 2Be3…). C’est surprenant mais ça fonctionne et nous fait réfléchir aux racines, aux origines y compris sociales, se confronter à ses souvenirs aussi. Le duo Bastien Bouillon et Juliette Armanet fonctionne à merveille, la réalisatrice a d’ailleurs parlé d’une alchimie rare dès les 1ères scènes entre les deux. Mention spéciale à François Rollin dans le rôle du père de Julien, bourru mais au final drôle quand il prend un malin plaisir à lire à son fils des extraits de son propre livre sur les « bouseux » et qu’il lui lance quand Julien lui dit qu’il ne pourra pas rester longtemps : "Pour écrire 300 pages sur les bouseux de province, il y a du monde. Mais faire 300 bornes pour venir les voir, c'est une autre paire de manche !". On pourrait ici penser à la chanson de Michel Delpech "Le Loir-et-Cher"! Une vraie réussite que la réalisatrice vient de prolonger en 2025 dans un long métrage cette fois-ci avec la même équipe (plus Dominique Blanc dans le rôle de la mère). Le principe est le même avec les chansons intégrées sauf que, dans cette variation sur la même histoire c’est Armanet qui est partie du Loir-et-Cher et a réussi dans la restauration en remportant Top Chef et c’est Bouillon qui est resté. Une excellente idée que d’avoir creusé cette histoire.