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Il pousse la planche comme d’autres tirent une cigarette. Sans rage, sans frime. Juste cette ligne droite, infinie, entre deux rebords du monde. Ollie, c’est un prénom, un trick, un appel d’air. Un film aussi. Antoine Besse le signe sans bruit, à la française : une douceur râpeuse, une caméra basse, un silence qui roule.
Pas de cris, pas d’uppercut. On glisse. Un garçon, quelque part, presque nulle part. Une banlieue qui ne crie pas sa misère, mais qui l’inhale doucement. Un été ? Peut-être. Ou alors un hiver invisible. Il n’y a pas d’époque dans Ollie. Juste un présent continu, étiré comme une jambe avant l’impact. Ce n’est pas une histoire. C’est un frisson.
Le film ne raconte rien. Ou si peu. Un deuil, une errance, un groupe d’amis. De quoi meubler un synopsis. Mais l’essentiel est ailleurs : dans le grain, dans le rythme, dans ce plan fixe sur un visage qui regarde mais ne commente jamais. Besse, déjà connu pour ses docs sensibles sur le skate (Fuck Dave), garde ici la même tendresse documentaire. Rien d’exposé. Tout d’effleuré.
Le héros ? Pas vraiment un héros. Un garçon un peu flou. Corps grand, voix basse, gestes suspendus. Il s’appelle comment ? On oublie. C’est pas grave. Il est là, présent, comme un nœud dans la gorge. Il ne veut pas grand-chose. Peut-être juste une pente douce. Ou que quelqu’un le regarde sans parler. La caméra s’en charge.
Photographie granuleuse, lumière naturelle, pas d’effet. Le style est sec, mais jamais secoué. La mise en scène patine un réalisme qui frôle parfois l’épure scolaire. Et pourtant, il y a une chaleur. Une lumière de fin d’après-midi. Quelque chose comme un souvenir, mais qui n’est pas encore arrivé.
Les dialogues ? Peu. Trop peu ? Non. Chaque silence en dit plus que trois pages. On pense à Gus Van Sant, période Paranoid Park. À Larry Clark sans le malaise. À Céline Sciamma sans les cris. Un cinéma adolescent, mais pas teenager. Une adolescence intériorisée, ralentie, perdue entre deux tricks.
Et puis le skate. Pas pour le style, pas pour les likes. Juste pour rester debout. Pour tenir l’équilibre quand tout tangue. Ce n’est pas un sport, ici. C’est une ligne de fuite. Une prière horizontale.
Ollie, c’est un souffle court. Un film discret, presque timide, mais qui serre fort. Une douceur triste, un regard sur la marge sans misérabilisme. Antoine Besse ne signe pas un manifeste. Juste une sensation. Et elle reste longtemps après.
Note : 14 sur 20. Pour les solitaires. Pour ceux qui cherchent des films qui ne cherchent rien.