Cela fait tout drôle de voir une Chantal Akerman dire autant à sa mère qu'elle l'aime, après tout ce que ses films et ses écrits nous ont dit sur une relation si compliquée et distante. Il y a eu Jeanne Dielman, et les lettres de News From Home, auxquelles la cinéaste ne semblait jamais répondre.
Mais c'est donc là que tout se termine, alors, dans ce calme terrifiant, ce face à face entre deux visages qu'on aura tant vu éloignés, et que la cinéaste nous offre comme un dernier regard, semblant consciente de sa mort prochaine.
Nous sommes assis sur une table avec elles, dans le prolongement d'un cordon reliant la caméra à leurs vies. Le cadre se cherche, la caméra tremble, parfois le vent s'engouffre et on entend plus rien.
Et puis elles sont mortes. C'est cela, le plus important. Nous regardons des mortes. Nous n'avons jamais vu ça au cinéma : une femme de 80 ans et sa fille de 60 ans. Des femmes qui mourront bientôt - et qui sont mortes maintenant, aspirés par la tristesse immense du dernier plan.
Des femmes qui nous manquent.
Merci Chantal Akerman.