Chaque distribution en d'une œuvre issue d'une cinématographie exotique doit être saluée. Le masqué saluera donc l'exploitation, cette semaine, de ce fameux phénomène successful que constitue Ne Zha 2, dont il s'était résolu à faire le deuil dans sa cambrousse.
Vous imaginez donc Behind mourir de joie quand, surprise, il pouvait accéder à quelques maigres séances programmées à vingt heures trente, et, cerise sur le gâteau, en VOST, écartant de facto le plus jeune public de la salle.
Mais joie et félicité ne sauraient totalement occulter l'opportunisme d'une telle programmation, dès lors que le cinéma chinois, c'est plutôt à la va-comme-j'te-pousse en . Il n'y a qu'à se souvenir que le premier épisode n'a tout simplement pas fait l'objet d'une sortie cinéma en son temps, en 2019, ou encore le sort ultra confidentiel réservé à White Snake ou La Guerre des Dieux, tandis que leurs suites étaient anarchiquement lâchées en streaming.
Car Ne Zha 2 serait-il vraiment sorti en s'il n'était pas en train de faire la nique aux méchants ricains pas bien en termes de box office ?
Poser la question constitue déjà une réponse, à mon sens.
Mais force est de constater que ce succès en mode maousse n'est pas usurpé. Car si l'on met de côté une orientation un poil trop kids, siège d'un humour pipi-caca parfois embarrassant, voire hors de propos en plein combat, Ne Zha 2 sera vu comme un programme archi-spectaculaire, conversion au format animation de toute la furia qui irrigue le deuxième épisode de Creation of the Gods. Citadelle démesurée toute entière dédiée à l'énergie démultipliée de l'action, à la surenchère des affrontements et au moneyshot monstrueux, le film se montre tout aussi captivant qu'éreintant.
Le tout dans un univers des plus riches et foisonnants qui, une fois encore, trouve sa source dans la mythologie et le patrimoine chinois, tout comme chacun de ses aînés, en y mélangeant les héritages familiaux et spirituels, les classiques trahisons et le goût prononcé pour les arts martiaux exubérants et la magie la plus débridée.
Le cocktail on the rocks est incroyablement addictif, même si comme le masqué, on a dû faire l'ime sur le premier opus. Mais les quelques incompréhensions ou zones d'ombres sont cependant assez vite balayées par la qualité de l'animation, la beauté des décors et des effets mis en scène.
Démons, dragons, secte, peuples des profondeurs, marmottes guerrières : le bestiaire est constamment renouvelé, tout comme les affrontements de plus en plus fous et démesurés, dans un choc visuel en forme de maelstrom quasi constant secouant de manière frénétique un monde fantastique à l'animation soignée et haute en couleurs.
Non content de battre les américains sur leur terrain fétiche de l'action, le film propose un personnage souvent attachant et nombre moments laissant la place à l'émotion dans l'oeil du cyclone, laissant à d'autres protagonistes l'occasion de se montrer moins unidimensionnels qu'attendu.
Ces nombreuses qualités devraient, dans un monde parfait, éclipser les reviews stériles se contentant de livrer une enfilade de chiffres, de soi-disant records et de business-fiction. Car il n'y a que cela qui compte, finalement : l'incroyable plaisir roboratif procuré par ce Ne Zha 2 et ses deux heures vingt que l'on ne voit pas er, les mirettes que l'oeuvre remplit de belles images et son énergie juvénile faisant que l'on a envie de la hisser tout en haut de son top cinéma 2025.
Behind_the_Mask, qui se dit qu'il faut battre le chinois pendant qu'il est chaud.