D'une figure de l'Histoire de , Delannoy fait une héroïne romanesque. Il le fait d'autant plus sciemment qu'il attache à Marie-Antoinette un chevalier servant et un amour platonique en la personne du militaire suédois Axel de Fersen. Platonique, et devant la caméra de Delannoy, purement théorique, tant la ion supposée entre l'une et l'autre est terne, inhabitée, injustifiée. Le comédien anglais Richard Todd, tout raide, est terriblement inexpressif tandis que Michèle Morgan pousse des soupirs.
Malheureusement, cette relation insignifiante au possible est le fil rouge d'un mélodrame historique dont la fuite de Varennes et l'emprisonnement de la famille royale au Temple, sur fond de Révolution française très distante, sont les principales péripéties. Je e sur l'arrivée à l'échafaud, bien dans l'esprit général et inspirée par la ion de Christ.
Tout en couleurs clinquantes, filmé au château de Versailles et dans de beaux costumes, le film ne manque pas d'une certaine pompe. C'est assez vain, mais reconnaissons au moins ce mérite à la production.
Si le réalisateur s'applique à faire un portrait plutôt conforme d'un Louis XVI veule et pataud (Jacques Morel), sa Marie-Antoinette est une femme volontiers victimisée et essentiellement sentimentale, c'est-à-dire sans aucune dimension politique ou historique. Dans ces conditions, Michèle Morgan s'y montre à l'étroit et peu convaincante, jouant de ses mines tristes et de ses yeux bleus.
Delannoy raconte l'Histoire, la résume plutôt, de façon académique, souvent maladroite dans ses raccourcis. On peut préférer à ce type d'évocations guindées les libres fantaisies historiques d'un Sacha Guitry tournées à la même époque.