🔴Pour le lecteur pressé, en moins de 3 minutes : https://youtu.be/b13GoK_buJs
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Un ciel d’un bleu presque trop parfait pour être réel, des palmiers qui tremblent à peine, l’écume molle d’une vague qui expire doucement sur le sable : la carte postale est intacte. Mais quelque chose a bougé. Ce Lilo & Stitch en version live-action n’est pas une redite plate. C’est un déséquilibre volontaire. Une tentative périlleuse, signée Dean Fleischer Camp, de marcher sur une ligne de crête : ne pas trahir la mémoire d’un classique tout en osant y poser son pas, un peu de poids, un peu de silence. Et c’est dans ces interstices-là que le film respire.
Le plus grand choc, c’est Lilo. Ou plutôt, la petite Maia Kealoha. Elle n’imite rien, elle est. Sa douleur est sourde, jamais hystérique. Elle parle aux poissons avec une gravité d’adulte qui connaît la perte. Elle danse, mais pas pour faire joli. Elle hurle parce qu’elle ne sait pas faire autrement. En face, Nani, sa grande sœur (Sydney Agudong, magnifique de tension retenue), se débat avec le quotidien, les services sociaux, la honte, l’amour. Leur relation n’est jamais décorative. Elle est tout le film. Elle est la question centrale : qu’est-ce qu’une famille quand il ne reste presque plus rien ?
Stitch, lui, surgit comme une anomalie contrôlée. Le CGI ne cherche pas le réalisme absolu — et c’est tant mieux. Il reste une créature d’énergie brute, une peluche gremlinesque à la logique déglinguée, et pourtant terriblement humaine. La voix de Chris Sanders, inchangée depuis 2002, agit comme une madeleine sonore. Les scènes d’action ? Accessoires. Ce qui compte ici, c’est le bruit du ventilateur dans une chambre la nuit. Le regard fixe d’un enfant qui ne comprend pas pourquoi le monde s’effondre. Les silences entre deux répliques. Les creux. Les absences.
Dean Fleischer Camp, après Marcel the Shell, confirme sa capacité à filmer l’intime dans l’insolite. Mais il ne réussit pas tout. Le rythme parfois hésite. Les personnages secondaires (Jumba, Pleakley) flirtent avec la caricature. L’équilibre entre humour extraterrestre et drame social tangue dangereusement. Pourtant, à la fin, il reste une impression douce-amère. Quelque chose d’indéfinissable, entre caresse et vertige. Un murmure d’enfant : “ohana”. Et dans ce mot, tout un film.