Et soudain le chaos régna dans la ville roumaine de Sibiu, comme dans tout le pays, en ce mois de décembre 1989, synonyme de révolution et de déchéance du dictateur Nicolae Ceaușescu. Liberate nous immerge immédiatement dans les affrontements sanglants qui impliquent la population, l'armée et la trop célèbre Securitate. Avec une caméra qui s'agite dans tous les sens, le film choral de Tudor Giurgiu capte le capharnaüm ambiant avec un sens du réalisme impressionnant. Néanmoins, il est difficile de s'y retrouver dans cette confusion qui s'atténue quelque peu dans la deuxième partie du long-métrage où un certain nombre d'ex-affidés de Ceaușescu se retrouvent prisonniers dans une piscine (vide), qualifiés sous le terme générique de 'terroristes", sans que l'on sache précisément s'ils sont coupables ou non de violences. Le propos du cinéaste n'est pas de juger mais de montrer une situation de désordre extrême dont se sortiront sans doute en premier lieu les plus roublards, davantage que les éventuels innocents. Quoi qu'il en soit, Libertate a valeur pédagogique mais son absence de commentaire sur les faits peut aussi sembler frustrant, tout comme le refus de s'attacher à un ou deux personnages en particulier, qui aurait eu le mérite de nous éclairer un tant soit peu sur cet imbroglio inextricable.