Fresque romantique au cœur des années 50 doublée d’un mélo queer dans l’Amérique conservatrice de l’après-guerre, Les Indomptés capture la fougue, la liberté contrariée et forcément dangereuse de personnages qui hésitent entre se résigner à adopter le matérialisme du rêve américain ou suivre leur désirs profonds et intimes, dans une reconstitution soignée et raffinée mais un traitement un peu sage.
On pense d’abord assister au développement d’un classique triangle amoureux entre Lee, sa femme Muriel et son frère Julius, mais on s’aperçoit rapidement que la relation qui va unir Julius et Muriel est d’un autre ordre, une connexion immédiate entre deux individus qui se comprennent, des personnes qui se savent à la marge du fait de leur homosexualité. Ce lien tacite est le fil rouge des Indomptés, c’est là où réside sa force, mais c’est aussi peut-être sa limite. Car Muriel et Julius sont la plupart du temps séparés, vivant deux histoires dissociées, n’échangeant que par correspondance. De fait, la structure du film un peu scolaire s’en trouve alourdie, elle manque de ressort, de peps, de dynamisme. Le récit décolle surtout quand ils se retrouvent et partagent d’un regard leurs frustrations, leurs peurs. Leur colère aussi, surtout pour elle, dont les sentiments sont encore plus complexes, le film offrant au age une importante visibilité à la représentation de la bisexualité, ce qui n’est pas si fréquent.
On les voit donc séparément lutter et embrasser qui ils sont en dépit des tabous et des interdits de l’époque. Le film peut par moment atteindre des pics d’émotions et une belle intensité, qu’il doit beaucoup à son casting aussi sexy que talentueux, son principal atout. Car ils sont beaux, très beaux, magnétiques mêmes pour Jacob Elordi et Daisy Edgar Jones, et toujours très justes dans leurs intentions.
Si le propos est fort en soi, la mise en scène très élégante et racée, le film manque cependant d’un souffle romanesque, de tension, de ion tout simplement, pour rivaliser avec des classiques du genre comme Loin du Paradis et Carol de Todd Haynes ou même le déchirant The Hours de Stephen Daldry.
Mais il n’a pas non plus à rougir. Les Indomptés est vraiment solide dans la manière dont il s’empare d’un sujet complexe et signifiant qu’il ne surdramatise pas. Il connait aussi ses qualités, son esthétisme un peu désuet et le pouvoir d’attraction de son casting. Et si sa structure duale n’aide pas à dynamiser le récit, il s’achève malgré tout sur un très joli final. Un très beau mélo en définitive.