Le facteur tue toujours deux fois

"Dark Night of The Scarecrow" ou "Les Fleurs de sang" en français est un téléfilm de Frank De Felitta diffusé sur les écrans américains en 1981. Si le titre original nous emmène dans le domaine de l'horreur, le second fait référence à l'échange de fleurs entre Bubba, un adulte porteur de déficience, et Marylee, une petite fille vivant à la campagne. Une sorte de pacte d'amitié qui sera très mal vu par Otis, facteur du coin et défenseur de codes moraux qu'il n'hésite pas lui-même à bafouer. Rameutant quelques mâles alpha prêt à "défendre" la communauté, Otis va provoquer l'irréparable.

Si vous êtes venu chercher de l'épouvante pur et dur, ez votre chemin. En effet, le film tend plus vers la drame psychologique que le slasher vengeur même si meurtres il y a (assez inventifs mais cependant peu graphiques). Frank De Felitta s'attarde plus sur le fait de nous dresser le portrait d'un facteur, apprécié de sa communauté, qui cache pourtant un monstre aux moeurs douteuses. Ce personnage n'est d'ailleurs pas sans rappeler les "monstres humains" qui peuplent l'univers de Stephen King. Tout en nuance, Charles Durning domine le film de sa stature et de son talent et fait er la menace totalement au second plan. Considérant qu'il s'agit ici d'un téléfilm sans doute contraint à des limites budgétaires, le choix de détourner l'emballage "slasher rural" d'origine vers un contenu plus réaliste semble tout à fait louable (et tant pis pour les fans de body count bien gratinés). Le personnage de Larry Drake, autre "tête d'affiche" du film aperçu dans le "Darkman" de Sam Raimi, dans le rôle de la victime (toujours délicat d'ailleurs d'interpréter un personnage déficient mental sans tomber dans la caricature grossière et, sans surprise, on est en plein dedans) est d'ailleurs vite oublié, relégué à un fantôme hantant l'esprit de ses assassins plus qu'à une menace matérialisée à l'écran.

Tout entier porté par un formidable Charles Durning dans un rôle taillé sur-mesure, "Les Fleurs de sang" est un thriller bucolique porté par un thème musical lancinant et quelques coups d'éclats visuels. On regrettera juste une petite baisse de rythme après les 20 premières minutes, le temps de prendre conscience qu'à la place de suspense, on assiste plutôt à un grand numéro d'acteur.