Ce qu'on touche, ce qu'on tait.
Chez Mouret, quand on pleure c'est sans bruit, et quand on aime, c'est précautionneusement, avec la crainte incessante de blesser. Pourtant il n'est pas d'amour sans blessure.
Il y a dans cette histoire à tiroirs quelque chose de doux, de délicat.
C'est presque de l'ordre du tactile, comme la chaleur d'une une étoffe cramoisie, d'une joue incarnat, le frais d'un mur en tuffeau poli à force d'avoir été caressé, du bois absolument lisse de ce tiroir monté en queue d'aronde, à l'ancienne.
Peut-être cet amour du bel objet transparaît-il avec excès, au risque que les décors prennent le pas sur les histoires, au risque d'étouffer les personnages dans le mohair et la batiste, de les noyer tout en les choyant de cuir grainé doré à l'or fin.
Mais Mouret, petit-fils de marchand d'orfèvrerie religieuse, parvient subtilement à garder l'équilibre en donnant à ses personnages relief, carnation et âme, que les acteurs revêtent presque timidement, respectueusement. Et avec une certaine beauté.