Un poison violent, Suzanne et Réparer les vivants : Katell Quillévéré affiche à son compteur de jeune réalisatrice des œuvres marquées par la fraîcheur du regard et la délicatesse. Le temps d'aimer, son quatrième long-métrage, est loin d'être dénué de ces qualités mais quelque chose semble gripper l'ensemble du récit, peut-être un excès d'ambition qui court sur l'après-guerre, sur deux décennies, au moins. L'histoire est celle d'un couple, dont chacun des partenaires possède un lourd secret qui sera révélé tôt au tard. La réalisatrice, qui maîtrise si bien les ellipses dans ses films précédents, ne réussit pas pareil prodige cette fois-ci et c'est comme s'il manquait quelques pièces au puzzle de vies de ses deux héros. D'ailleurs, c'est peut-être un troisième personnage, celui du fils, dont la relation avec sa mère sont difficiles, qui se révèle le plus intéressant mais pas le mieux traité, hélas. A cet égard, la toute dernière scène de Le temps d'aimer est de loin la plus émouvante et emporte tout sur son age. Auparavant, l'impeccable Vincent Lacoste et la parfaite Anaïs Demoustier ont démontré, s'il en était besoin, leur capacité à évoluer dans des rôles bien plus matures que ceux qu'ils ont eu à porter, jusqu'alors. Quant à leur alchimie, avec une fraction de gaucherie qui correspond à leurs personnages respectifs, elle est évidemment très convaincante, mais qui aurait pu en douter ?