Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé.
Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics d'aujourd'hui, Robert Duvall et James Caan, toujours parfaits, et Diane Keaton, et John Cazale, et le bon vieux Sterling Hayden, et la mère, magnifique la mère...
Tout le monde a applaudi, un jour une des meilleures musiques de film jamais composée, une photographie magnifique, un découpage innovant, une mise en scène géniale, un montage époustouflant.
Tout le monde a narré, un jour les anecdotes de tournage, le choix de Coppola sur son nom, le casting caché de Brando, les acteurs qui auditionnent, Robert Evans, le producteur, qui tente de convaincre les patrons de la Paramount de garder Francis, Coppola qui pense tous les jours se faire virer, le vieux monteur qui mêle baptême et tuerie dans la scène finale, le mot Mafia absent du scénario, les allusions à Sinatra, Sofia, la fille qui joue le bébé, à rajouter à la soeur au casting et au père à la musique, bien sûr...
Tout le monde a glosé, un jour sur la force de l'histoire, la qualité du scénario, l'intelligence du propos...
Tout le monde a replacé, un jour ce film dans l'histoire du cinéma, comment, entre deux films de Friedkin, Coppola faisait exploser les studios de l'intérieur et donnait le pouvoir, pour une toute petite décennie, au réalisateur...
Tout ceci est connu, donc, je ne vous en parlerai pas, je voudrai juste mettre le doigt sur une petite comparaison idiote : Le Parrain est un film pour adultes, austère même parfois et assez complexe dans sa réalisation. Pourtant son succès fut prodigieux, bien supérieur à ce que l'on peut croire, deux fois plus important par exemple qu'Alice, pour parler d'un des gros succès récents, équivalent à Jurassic Park ou la Menace Fantôme pour des exemples encore proches.
Ainsi donc à cette époque, un film de cette qualité, avait les faveurs du public, un public qui se réserve aujourd'hui pour les films de super-héros en collants et autres blockbusters de qualité hélas trop souvent médiocre et visant essentiellement l'ado attardé qui sommeille en vous...
La prochaine fois que vous irez voir un Harry Potter, dites-vous donc qu'il y a quarante ans, les gens dans votre salle accourraient deux fois plus nombreux encore pour voir ce que Coppola présentait ainsi : "des gens en costume qui parlent dans le noir".