Il y a une réserve, celle de voir le film verser dans une subtilité délicate qui demanderait au spectateur une attention de chaque instant, et dans le même temps de le voir affirmer cette subtilité aussi explicitement, créant le doute dans mon esprit au moment du visionnage : le réalisateur peinerait-il à incarner l’humilité qu'il poursuit ?
Cette poursuite n'est pas toujours veine, et occasionne de superbes moments. Une beauté plastique qui vient servir un récit qui voudrait prendre du recul sur ses personnages et situations mais, un peu malgré lui, n'y parvient jamais vraiment. Les archétypes sont trop prégnants : l'homme de la forêt est taiseux et sage, les citadins sont soit en chemin vers la rédemption, soit piégés dans les écrans par refus de faire le chemin vers l'autre.
Perdu entre cette contemplation qui demanderait à laisser le récit s'imposer sans interférer et le désir du film d'imposer un point de vue très partisan, je trouve mon compte lorsqu'il investit les entre deux nécessaires au quotidien. À ce titre, les trajets en voiture dont le réalisateur semble prendre plaisir à filmer depuis plusieurs films occasionnent enfin une rencontre sincère entre le film et son spectateur : les personnages profitent du temps laissés pour se découvrir, et se découvrir vivant.
La fin vient appuyer l’idée d'un réalisateur se sentant un peu trop démiurge de son univers. Une manière de prendre à rebours pour rebattre les cartes et ainsi invoquer cette subtilité si nécessaire compte tenu du dispositif formel de l'oeuvre, mais d'une manière qui semble si artificielle qu'elle peine à convaincre. Le film se conclut donc sur la confirmation qu'il n'a pas su faire preuve de la délicatesse qu'il nous a vendu lors de sa très belle première demi heure.