Attention, je SPOILE : Un jeune gendarme belge fait partie de l'équipe qui enquête sur les enlèvements de jeunes filles qui secouent la Belgique. Il est très rapidement persuadé que le criminel est le dénommé Marcel Dedieu (Marc Dutroux dont le nom est changé pour permettre au film de s'éloigner du réel quand bon lui semble). Il tente de persuader sa hiérarchie, mais se heurte à un mur et au fait qu'à l'époque, les différents services de police belges se livrent à une guerre de chapelle contre-productive, empêchant les informations de er d'un service à l'autre. L'étau finit par se resserrer, mais lorsqu'il parvient enfin à interpeller le criminel, il est trop tard, et les gamines sont mortes. Fou de douleur, et inconsolable, le gendarme va entamer une longue descente aux enfers alors qu'il tente de prouver que Dedieu n'agissait pas seul et qu'il est au centre d'un réseau de pédophiles organisé montant haut dans les classes sociales du coin. Cette second partie de l'enquête va le rendre littéralement dingue, et ruinera sa vie de famille (à laquelle le cinéaste accorde énormément d'importance à la manière d'un Cimino en première partie de Deer Hunter par exemple), ainsi que sa vie tout court, cette quête de vérité virant à l'obsession la plus morbide. Je ne pensais pas du tout aimer un jour à ce point un film de Fabrice du Welz (dont je n'avais vu qu'un opus précédemment mais disons que ses films ne m'attirent pas en générale et que le comportement agressif du mec face à ses détracteurs fait que j'y allait un peu à reculons, mais je dois avouer que je me suis pris ici une gigantesque claque et que ce film est une merveille de suspense et de tension durant chaque instant de ces 2h30 ultra riches qui ent en un rien de temps. Le film est bien écrit, très fidèle à cette horrible histoire mais prenant les distances d'avec elle dès qu'il peut enrichir son récit au service de son film, et incroyablement bien joué, Anthony Bajon, déjà excellent, trouve ici son meilleur rôle et est tout simplement brillant, Alexis Manenti excellent comme souvent, Sergi Lopez glaçant en horrible monstre Dutroux, Laurent Lucas et Jackie Berroyer sont aussi incroyables, bref, le film brille aussi par une direction d'acteurs incroyablement maitrisée et juste. Mais, et c'est là où je suis le plus étonné, le film est aussi génial dans sa mise en scène, à la fois ample, dans la prise en considération de la famille et de l'entourage du héros, très inspiré par Cimino, je me répète, et dans sa gestion du suspense, vraiment maitrisée et qui fait qu'on s'accroche à son fauteuil tout du long et qu'on vit cette enquête avec la même intensité que celle du héros. Du Welz peut sembler parfois un peu limite dans ses effets (genre la scène d'accouchement de sa femme montée en parallèle que la découverte de cadavres dans des conditions odieuses) mais en fait ça e à chaque fois car chaque effet de mise en scène est justifié par le fond (ici par exemple, le héros n'assiste même pas à la naissance de son enfant car il vient d'apprendre une découverte macabre et fait er cela avant la naissance de son gosse, le montage alterné montrant parfaitement son attirance pour la mort plutôt que la vie et le fait qu'il sombre et bascule de l'autre côté). Bref, c'est un très grand film, l'un des plus beaux vus cette année, et il est certain que je le reverrai souvent.