Raiders of the Lost Bark

Que ce soit du côté de chez SanFelice, de chez Sergent Pepper, de chez Aqualudo, et tant d'autres. Les critiques de qualité, décalées, drôles, encyclopédiques ne manquent pas pour ce film, je vous invite à les consulter. Enfin pas tout de suite, revenez et lisez la mienne avant, vils mécréants !

D'après l'oeuvre et la vie de Lothar G. Buchheim, "Das Boot" se déroule durant la Deuxième Guerre Mondiale. Une classieuse présentation des principaux personnages sous la forme d'un plan-séquence, et c'est parti pour un huis-clos dans les entrailles d'un U-Boot. Un constat s'impose: depuis l'Inquisition, la torture a évolué. La "vierge de fer" est devenue "verge de fer". Une lettre en moins, un détail qui change tout. Une apparence certes moins dissuasive pour le "pourfendeur des profondeurs", mais pour celui qui pénètre en son sein, une souf psychologique de tous les instants. Je me relis à l’instant et tout cela sonne un brin licencieux, bref, tant pis !

Quel stress permanent un tel isolement peut-il bien engendrer ? Il faudrait expérimenter la chose pour avoir un semblant de réponse à cette question. Et risquer comme la plupart des sous-mariniers de la Kriegsmarine, de ne jamais revenir ? Ce sera sans moi ! A la moindre apparition d'un "Destroyer" anglais, synonyme de mort imminente pour les occupants du sous-marin, je n'ose imaginer. Attendre le bon moment. Rester à l'écoute de la moindre trahison sonore. S'éloigner, fuir le plus vite et le plus silencieusement possible. Décidément, quand t'as pas le choix, U-Boat en touche.

Dès l'apparition du sous-marin, une sensation de joueur m'étreint: celle d'assister à une sorte de "In the Hunt: The Movie". Symphonie d'eau et de métal. La bande son mythique est signée Klaus Doldinger. Une simple succession de quelques notes à la base, pour une mélodie devenue mondialement célèbre. Imaginons que "Das Boot" soit sorti quinze ans plus tôt et que "Yellow Submarine" en ait constitué le thème principal. Pire. Imaginons qu'il soit sorti dix ans plus tard. Début des 90's, on aurait très bien pu avoir cette bande originale: http://www.youtube.com/watch?v=6bWalZg95Sk . Edifiant, même pour quelqu'un comme moi qui a longtemps apprécié la "Dance Music".

Au moment d'évoquer les acteurs, je ne peux m'empêcher de penser que Rutger Hauer aurait été prodigieux en Capitaine. Cela dit, Jürgen Prochnow est impérial et je ne pense pas que l'on ait perdu au change. Une bande de sous-mariniers de talent le soutiennent, sondant les abysses de la bêtise humaine: la guerre, vue, et surtout entendue, du dessous. Leur barbe étant le témoin de leur vieillissement tout au long du film. Il n'est pas question de parler de bon camp et de mauvais camp. Ces Loups Gris que l'on nous présente, ce sont avant tout des hommes. Perdus au milieu de nulle part. Sacrifiés. Conscients de résider dans un cercueil aquatique, sans pour autant savoir quand la grande faucheuse viendra les torpiller.

Le Blu Ray Director's Cut est d'excellente facture. On note un énorme travail sur le son. Craquements, explosions, bruits divers en cabine, la sensation de confinement, d'oppression, est totale. Impression renforcée par une photographie sombre, angoissante, Jost Vacano signe ici une performance claustrophobique de haute volée. On l'imagine aisément parcourant ce tube, virevoltant, lancé dans un exercice de funambule au milieu de ces cales étriquées. La maîtrise de Wolfgang Petersen impressionne tout autant. Sa mise en scène est efficace et les plan-séquences nombreux. Le sous-marin verra du pays, mais son équipage, comme le spectateur, restera enfermé la plupart du temps. C'est la guerre. A Vigo comme à Gibraltar, le plat local sera la "torpilla". De magnifiques maquettes de sous-marins servent ce ballet aquatique. Maquettes également utilisées dans "Les Aventuriers de l'Arche Perdue" sorti presque au même moment. Maquettes que l'on pourra irer jusqu'au dénouement, riche en émotions.

Au générique de fin, après 3h30 jamais ennuyeuses, bien au contraire, une pensée, et une seule, me submerge: pas mal, pour un réalisateur d'épisodes de Tatort !
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Blu-Ray's finest

Créée

le 4 oct. 2014

Critique lue 3.3K fois

68 j'aime

20 commentaires

Gothic

Écrit par

Critique lue 3.3K fois

68
20

D'autres avis sur Le Bateau

Le bruit et la profondeur

Série "Dans le top 10 de mes éclaireurs " : -IgoR- Das Boot commence sur la terre, par une beuverie qui conjure l’ascèse à venir, une ivresse qui pallie celle des profondeurs dans une atmosphère...

le 29 juin 2014

98 j'aime

22

Raiders of the Lost Bark

Que ce soit du côté de chez SanFelice, de chez Sergent Pepper, de chez Aqualudo, et tant d'autres. Les critiques de qualité, décalées, drôles, encyclopédiques ne manquent pas pour ce film, je vous...

Par

le 4 oct. 2014

68 j'aime

20

LE film de sous-marin

Captivant! De bout en bout, cette histoire de l'équipage d'un sous-marin allemand durant la seconde guerre mondiale nous tient en haleine pendant plus de 3 heures! Et on ne voit pas le temps...

Par

le 28 mai 2011

48 j'aime

9

Du même critique

Tebé or not tebé

Nuit. Tisane terminée. Film terminé. Gothic ôte son casque à cornes pour s'essuyer la joue tant il pleure d’iration. Nomé(nale) quant à elle s'empresse de fuir pour cacher ses larmes de...

Par

le 7 déc. 2014

278 j'aime

53

Blade Runner
10

Le Discours d’un Roy

[SPOILERS/GACHAGE] Nombreux sont les spectateurs de "Blade Runner" à jamais marqués par le monologue final de Roy Batty, ce frisson ininterrompu le temps de quelques lignes prononcées par un Rutger...

Par

le 3 mars 2014

262 j'aime

64

Bienvenue à Gattaca
10

Ah ! Non ! C'est un peu court, génome !

A la suite d'un "accident", Jérôme est en fauteuil. Devenu "semi-homme" pense-t-il, ce mytho contrit ressent le besoin de s'évader, tandis qu'à Gattaca, Vincent est las de jouer les majordomes. Ce...

Par

le 16 oct. 2014

258 j'aime

40