Pour son premier long-métrage, Jean-Jacques Annaud s’inspire de son é en Afrique, de son expérience militaire et de faits réels pour construire une histoire surgie d’un temps primitif, presque moyenâgeux. Il y met en scène des personnages aux fonctions stéréotypées — le curé, l’érudit, le soldat, le commerçant, les serfs, la lubrique, le sot — rappelant les soties, ces farces satiriques du Moyen Âge qui tournaient en dérision la société et les mœurs de leur temps, jouées par des acteurs appelés « sots » ou « fous ».
À travers ce microcosme caricatural dont il accentue les traits, le réalisateur français livre une critique du colonialisme. Il y fustige à la fois la bêtise humaine, l’absurdité des guerres, la domination impérialiste, la division du monde entre dominants et dominés, ainsi que l’attirance de certains pour l’autoritarisme et la résignation d’autres face à l’injustice.
Le message est clair et frontal. Toutefois, le film pâtit d’une certaine nonchalance, du jeu souvent peu convaincant des acteurs (à l’exception notable de Jacques Dufilho), et surtout d’un humour noir, décalé, parfois absurde, qui manque globalement d’efficacité.
Vainqueur inattendu de l’Oscar du meilleur film étranger en 1977, à la suite d’un imbroglio presque aussi absurde que le film lui-même, La Victoire en chantant évoque également, par certains aspects, Coup de torchon de Bertrand Tavernier (1981), tout aussi peu enthousiasmant.