La Revanche de Freddy (A Nightmare on Elm Street 2: Freddy's Revenge) est souvent considéré comme l'un des épisodes les plus controversés de la saga pour plusieurs raisons. Si la critique s'accorde souvent à dire qu'il s'éloigne des éléments qui ont fait le succès du premier opus, il mérite cependant une réévaluation plus nuancée. Derrière ses choix narratifs et esthétiques déroutants, le film de Jack Sholder révèle des qualités indéniables et des prises de risques intéressantes.
Tout d'abord, Freddy est effrayant. Contrairement à ce qu'il deviendra dans les films suivants, où son personnage prend une dimension de plus en plus grotesque et comique, ici, il conserve une aura inquiétante. Son maquillage, assuré pour la première fois par Kevin Yagher, joue un rôle essentiel dans cette perception. Le visage défiguré de Freddy, sublimé par un éclairage souvent sombre et une mise en scène claustrophobique, accentue la terreur qu'il inspire. On est loin du "clown" qu'il deviendra par la suite.
Ensuite, le sous-texte homosexuel du film est fascinant. Si le réalisateur et les producteurs ont longtemps affirmé ne pas avoir conscience des sous-entendus homoérotiques présents dans le film, ces éléments sont pourtant omniprésents. La relation ambiguë entre le protagoniste, Jesse, et son camarade de classe Grady, ainsi que certaines séquences au sous-texte clairement gay, contribuent à faire du film une métaphore de la découverte de l'homosexualité. La figure de Freddy, qui tente de "posséder" Jesse, pourrait être vue comme une personnification des peurs et des désirs refoulés. Dans un contexte de cinéma de genre des années 80, aborder un tel sujet de manière si frontale, même inconsciemment, mérite d'être salué.
De plus, le film propose l'une des meilleures scènes de transformation du cinéma d'horreur. Bien qu'elle ne rivalise peut-être pas avec celle de Le Loup-garou de Londres, la scène où Freddy émerge littéralement du corps de Jesse reste un moment marquant. Les effets spéciaux pratiques, bien que modestes, apportent un réalisme viscéral à cette séquence, qui renforce le sentiment de possession et de perte de contrôle. Cette scène, à la fois perturbante et symbolique, montre que La Revanche de Freddy peut se targuer d'une ambition visuelle non négligeable.
Enfin, il faut reconnaître que malgré un rythme parfois inégal, le film possède un certain cachet propre aux films d'horreur des années 80. À une époque où de nombreuses franchises horrifiques sombraient dans la surenchère d'humour ou de gore gratuit, La Revanche de Freddy tente de rester fidèle à une atmosphère plus oppressante. La mise en scène de Jack Sholder, si elle n'est pas exempte de défauts, démontre une vraie volonté de faire peur, en exploitant autant la psychologie des personnages que les ressorts classiques de l'horreur.
Alors certes, le film a ses faiblesses : le changement de règles par rapport à l'univers établi dans le premier opus, notamment l'idée que Freddy peut se matérialiser dans la réalité, peut perturber les fans de la saga. Mais à y regarder de plus près, La Revanche de Freddy est un film atypique, audacieux à sa manière, et mérite d'être redécouvert avec un regard neuf. Une production d'horreur des années 80 qui tente sincèrement de faire peur tout en explorant des thématiques complexes ne devrait pas être écartée si facilement.