Je dois avouer que mon univers cinéphile ne croule pas sous les visionnages de films réalisés par Régis Wargnier. À vrai dire, je n’avais vu auparavant que son œuvre la plus célèbre, et de loin : Indochine. J'avais pensé que c'était un album de belles images, d'un style rappelant les pages glacées d’un magazine Géo, et c’est tout. L’ensemble, pour moi, ne dégageait pas la moindre émotion, ne donnait lieu à aucune atmosphère tangible quelconque. En outre, le tout était complètement gâché par une direction d’acteurs pourrave. Vincent Perez était à chier, et Catherine Deneuve pas terrible (surtout quand on compare à ce dont elle était capable ailleurs, notamment chez Roman Polanski ou Jean-Paul Rappeneau !). Seuls Jean Yanne et Linh Dan Pham arrivaient à briller dans cette splendeur de médiocrité ; ce qui était peut-être dû au fait qu’ils avaient un talent inné suffisamment fort pour pallier l’incompétence de celui qui était derrière la caméra. Reste que je devais — et dois — être un des rares à juger ce long-métrage aussi négativement, vu que Catherine Deneuve a remporté un César et a été nommée à l’Oscar pour ce rôle. Sans parler du fait qu’à l’heure actuelle, Indochine est toujours le dernier film français à avoir gagné — ce que l’on appelait encore à l’époque — l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Bon, plus de trente ans ont é, et je constate que les mêmes défauts sont toujours présents avec La Réparation. Mais là, c’est bien pire…
Alors, le cinéaste nous gratifie de quelques beaux plans en drone de forêts verdoyantes bretonnes, et de quelques jolies cartes postales taïwanaises… et c’est tout.
Pour l’actrice principale, étant donné que je n’ai pas regardé la seule autre œuvre de fiction dans laquelle elle a joué jusqu’ici — à savoir la mini-série Bardot — je serais incapable de dire si Julia de Nunez a une disposition particulière à la nullité ou si c’est entièrement dû à Régis Wargnier. Mais ânonner son texte comme une élève timide de CE1 récitant une fable de La Fontaine devant toute sa classe ne relève pas d’un haut niveau d’acting. Une évidence bien évidente ? Ben, pas pour Régis… Et c’est très chiant pour le spectateur de devoir er cela d’un premier rôle, pendant 104 minutes. Clovis Cornillac, qui cabotine atrocement en chef cuisinier constamment énervé, ne semble pas savoir qu’intérioriser parfois son jeu pourrait éventuellement l’aider à le rendre plus convaincant (oui, je pars du principe que celui qui est censé les diriger est de toute façon démissionnaire à ce niveau-là !). Bref, dans Indochine (comme je l’ai déjà mentionné dans le paragraphe d’introduction !), au moins, il y avait quelques interprètes qui réussissaient à être bons. Là, absolument pas. Il n’y a aucune exception (en rien aidé par des dialogues dénués de naturel, mais ça n'excuse pas tout !). Pour résumer : Régis Wargnier a une direction d’acteurs catastrophique, car inexistante.
Sinon, l’intrigue a tendance à méchamment tourner en rond durant la partie taïwanaise, dégageant l’impression que, une fois le mystère dévoilé, l’ensemble ne cesse de se répéter que pour pouvoir tenir sa durée. Les réactions des personnages n’ont très souvent aucune cohérence. Je me suis régulièrement demandé pourquoi, à tel instant ou tel autre, untel réagit comme ça. Les personnages masculins décident fréquemment à la place de la protagoniste, comme si elle était une gamine de cinq ans — parce que, c’est bien connu, les gonzesses sont incapables de prendre des décisions par elles-mêmes. Autrement, il y a, au début, l’esquisse d’un triangle amoureux servant finalement à que dalle pour la suite (il aurait été absent, ça n’aurait rien changé !). Sinon, l'envahissante BO sans originalité — qu’une IA aurait pu composer — se veut tellement exaltée qu’elle en devient très vite gênante. Et pour finir, aucune scène n’offre la moindre tension, le moindre suspense, la moindre émotion, alors que le potentiel, par rapport à l’histoire, était très fort. On parle quand même d’une jeune femme qui cherche à connaître la vérité sur les disparitions de son père et de l’homme qu’elle aimait. Il y avait de quoi faire pour que le spectateur agrippe intensément les accoudoirs de son fauteuil, au lieu de ressentir un ennui consterné devant la médiocrité du truc.
Il y a une séquence qui aurait pu se hisser bien au-dessus du lot, une belle idée scénaristique. Après son arrivée à Taïwan, l’héroïne se voit servir un plat comme seul son père disparu savait les confectionner, dont il était le seul à avoir le secret. Un metteur en scène connaissant un minimum son métier aurait uniquement filmé le trouble saisissant la jeune femme. Le spectateur aurait parfaitement compris ce qui est en train de se er. Mais non, il faut que Wargnier, par l’intermédiaire d’un personnage de critique gastronomique, dans la même pièce, mangeant le même repas, explicite tout par la parole au même moment. Critique gastronomique incarné, au age, par un Louis-Do de Lencquesaing en totale roue libre, qui en fait des gigas et des gigas tonnes (à côté, Cornillac là-dedans, c’est un acteur bressonien !)... Non mais Régis, c’était peut-être trop t’en demander, mais tu n’aurais pas pu prendre quelques pauvres putains de petites secondes pour demander à Louis-Do de se la jouer plus sobre ? Ce n’était pas trop compliqué, bordel ? Mais comment peut-on se foirer autant ? C’est de l’ordre de l’"exploit", autant d’incompétence.
Pff... Je vais en finir maintenant parce que cette purge m'a énervé et m'énerve encore. On dit "jamais deux sans trois". Ben, pour le cinéma de Régis Wargnier, ce ne sera pas le cas pour moi, merci.