Un petit bijou du muet dont je ne cessais d'entendre parler : ce fameux Lubitsch, La Princesse aux huîtres que je viens enfin de regarder, merci Ocha !
Il est gros, il est riche et il fume le cigare tandis que se pressent et s'empressent autour de lui serviteurs en livrée et cohorte de domestiques prêts à exaucer le moindre de ses désirs, qui, lui tamponnant le front ou remettant en place une mèche imaginaire, qui, le mouchant avec sollicitude ou l'installant pour un petit somme réparateur sur force coussins moelleux.
I'm not impressed
se plaît à répéter Quaker pendant que sa fille adorée, jeune furie domestique bien en chair qui n'a rien d'une mauviette, met en pièces les journaux osant la marier à un simple comte.
C'est un Prince qu'il me faut!
aboie l'enfant gâtée à la face de son père, lequel, imperturbable, poursuit sa vie de pacha vautré dans le luxe avec une belle sérénité que rien ne semble entamer : l'argent n'achète-t-il pas tout ?
Nucki, plutôt bel homme mais prince criblé de dettes, qui a dû dire adieu au faste de sa condition, s'avère si peu pressé de prendre femme, qu'il délègue son homme à tout faire, préférant apprendre de sa bouche même, à quoi ressemble cette princesse aux huîtres qui lui est proposée.
Quiproquos et gags en tout genre, Ossi, la maîtresse femme digne fille de son magnat de père, ne va faire qu'une bouchée de Josef, ce faux mari qui ne pense qu'à boire et à se goinfrer, alors qu'une véritable épidémie de foxtrot gagne les invités: rythme endiablé que scande le postérieur en folie du chef- d'orchestre, dans des scènes plus qu'enlevées où l'humour le dispute à une irrésistible drôlerie, un vrai régal!
Et comme le destin fait bien les choses, la princesse va gagner son beau prince à l'issue d'un match de boxe féminin en bonne et due forme, et rôles inversés obligent, Ossi émue et troublée vole un baiser puis deux à un Nucki mollement alangui par les vapeurs de l'alcool et tendrement lové contre son épaule.
Fortes femmes un jour, faibles femmes toujours, qui peut résister à l'amour?